[JEAN JACQUES ROUSSEAU]

VILLAR

LETTRE
ADRESSÉE AUX EDITEURS DU SUPPLÉMENT

[25 fevrier 1782==Du Peyrou/Moultou 1780-1789 quarto édition, t. XV, pp. 611-612.]

[611]

LETTRE
adressée
aux Editeurs du Supplément.

MESSIEURS,

Vous serez sans doute surpris de recevoir des lettres & des mémoires de la part d’un homme qui n’a pas l’honneur d’être connu de vous: mais la réputation d’un savant que l’Europe regrette, & que vous faites revivre, y est intéressée. Il s’agit d’accorder J. J. Rousseau avec lui-même, de sauver le ridicule à un citoyen de Grenoble, homme de Lettres, pere de famille, ancien ami de Jean-Jaques, & de ne pas laisser ignorer au Public la raison de l’incohérence de certains Ecrits que vous avez sans doute jugé à propos de conserver, comme formant un ensemble dont les moindres détails peuvent l’intéresser. Voici le fait.

Le R. P. Ducros, bibliothécaire & directeur du cabinet d’histoire naturelle de Grenoble, m’a prié de répondre à une anecdote des rêveries de Jean-Jaques qui intéresse M. Bovier, & qui lui a été communiquée de Geneve. Elle regarde les Botanistes, & c’est en cette qualité, ayant professé cette science depuis dix ans, que je suis invité & intéressé à résoudre toute équivoque qui peut la concerner.

La réputation de Jean-Jaques, le zele que vous montrez à l’étendre en publiant ses derniers Ecrits, mes devoirs de citoyen honnête, sont les motifs qui conduisent ma plume. Ils sont détaillés dans le mémoire ci-joint, que je vous prie de vouloir bien insérer à la suite de l’imputation faite à M. Bovier. Il est fait dans le dessein de le ménager ainsi que Jean-Jaques, [612] sans rien soustraire au Public de ce que vous lui destinez.

Si vous desiriez, MESSIEURS, prendre des renseignemens sur mon compte, vous pourrez en trouver chez M. Guettard, avec qui j’ai eu le plaisir de parcourir tout le Dauphiné en 1775 & 1776, pour en faire l’histoire naturelle par ordre du Gouvernement, ou chez M. de la Tourrette, secrétaire de l’Académie des Belles-Lettres à Lyon, ou chez les parens de M. de Haller, avec lequel j’étois en relation. Mon nom est dans quelques papiers publics, & dans deux ouvrages que j’ai publiés sur la Botanique & la Médecine; mais la confiance que vous inspirez me dispense de me faire violence pour entrer dans d’autres détails sur ce qui me concerne.

J’ai l’honneur d’être avec une haute estime & une parfaite considération,

MESSIEURS,

Votre très-humble & très-obéissant serviteur,

VILLAR, Docteur & Professeur de Botanique, chez M. Berthelot, près du College à Grenoble.

Le 25 Février 1782.

FIN.

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