JEAN JACQUES ROUSSEAU
DICTIONNAIRE
DES TERMES D’USAGE EN BOTANIQUE
[1771-mai 1774; manuscrit inconnu; le Pléiade édition, t. IV, pp. 1199-1247.=Du Peyrou/Moultou 1780-89 quarto édition, t. VII, pp. 459-527.]
FRAGMENS
POUR UN DICTIONNAIRE
DES TERMES D’USAGE
EN BOTANIQUE.
AVIS DES EDITEURS.
Il paroit par ces Fragmens, que le projet de M. Rousseau etoit de faciliter l’intelligence des termes usités chez les Botanistes: il est fâcheux qu’il n’ait laisse sur ce sujet intéressant que des brouillons, peut-être aussi incomplets par les articles qu’il a ébauches, que par ceux qu’il n’a point traites. Mais nous avons pense que, malgré leur imperfection, ces Fragmens meritoient de voir le jour, &, quelque défectueux qu’ils puisent être, nous n’avons voulu essayer, ni de suppléer aux articles qui manquent, ni de corriger ou finir ceux qui sont faits; tout au plus avons-nous ose nous permettre de faire disparoitre quelques obscurités, ou quelques défauts de style qui avoient échappe à la premiere composition.
INTRODUCTION.
Le premier malheur de la Botanique est d’avoir été regardée des sa naissance, comme une partie de la Médecine. Cela fit qu’on ne s’attacha qu’a trouver ou supposer des vertus aux plantes, & qu’on négligea la connoissance des plantes mêmes; car comment se livrer aux courses immenses & continuelles qu’exige cette recherche, & en même tems aux travaux sédentaires du laboratoire & aux traitemens des malades, par lesquels on parvient à s’assurer de la nature des substances végétales, & de leurs effets dans le corps humain. Cette fausse maniere d’envisager la Botanique en à long-tems rétréci l’étude au point de la borner presque aux plantes usuelles, & de réduire. la chaîne végétal à un petit nombre de chaînons interrompus. Encore ces chaînons mêmes ont-ils été très-mal étudies, parce qu’on y regardoit seulement la matiere & non pas l’organisation. Comment se seroit-on beaucoup occupe de la structure organique d’une substance, ou plutôt d’une masse ramifiée qu’on ne songeoit qu’a piler dans un mortier? On ne cherchoit des plantes que pour trouver des remèdes, on ne cherchoit pas, des plantes mais des simples. C’etoit fort. bien fait, dira-t-on; [462] soit. Mais il n’en a. pas moins résulté l’on connoissoit fort bien les remèdes, on ne laissoit pas de connoitre sort mal les plantes; & c’est tout ce que j’avance ici.
La Botanique n’etoit rien, il n’y avoit point d’étude de la Botanique, & ceux qui se piquoient le plus connoitre les plantes n’avoient aucune idée, ni de leur structure, ni de l’économie végétal. Chacun connoissoit de vue cinq ou six plantes de son canton auxquelles il donnoit des noms au hazard enrichis de vertus merveilleuses qu’il lui plaisoit de leur supposer, & chacune de ces plantes changée en panacée universelle suffisoit seule pour immortaliser tout le genre-humain plantes. Ces plantes transformées en beaume & en en emplâtres disparoissoient promptement, & faisoient bientôt place à d’autres auxquelles de nouveaux venus, pour se distinguer, attribuoient les mêmes effets. Tantôt c’etoit une plante nouvelle qu’on décoroit d’anciennes vertus, & tantôt d’anciennes plantes proposées sous de nouveaux noms suffisoient pour enrichir de nouveaux charlatans. Ces plantes a voient des noms vulgaires différens dans chaque canton, & ceux qui les indiquoient pour leurs drogues, ne leur donnoient que des noms connus tout au plus dans le lieu qu’ils habitoient; & quand leurs récipés couroient dans d’autres pays on ne savoit plus de quelle [463] plante il y etoit parle; chacun en substituoit une à sa fantaisie, sans autre soin que de lui donner le même nom. Voilà tout l’art que les Myrepsus, les Hildegardes, les Suardus, les Villanova & les autres Docteurs de ces tems-là mettoient à l’étude des plantes, dont ils ont parle dans leurs livres, & il feroit difficile peut-être au peuple d’en reconnoître une seule sur leurs noms ou sur leurs descriptions.
A la renaissance des Lettres tout disparut pour faire place aux anciens livres; il n’y eut plus rien de bon & de vrai que ce qui etoit dans Aristote & dans Galien. Au lieu d’étudier les plantes sur la terre, on ne les étudioit plus que dans Pline & Dioscoride, & il n’y a rien si fréquent dans les Auteurs de ces tems-là, que d’y voir nier l’existence d’une plante par l’unique raison que Dioscoride n’en a pas parle. Mais ces doctes plantes, il faloit pourtant les trouver en nature, pour les employer selon les préceptes du maître. Alors on s’évertua, l’on se mit a chercher, à observer, à conjecturer & chacun ne manqua pas de faire tous ses efforts pour trouver dans la plante qu’il avoit choisie les caracteres décrits dans son auteur; & comme les traducteurs, les commentateurs, les praticiens s’accordoient rarement sur le choix, on donnoit vingt noms a. la même plante, & a vingt plantes le. mere nom, chacun soutenant que [464] la sienne etoit la véritable, & que toutes les autres n’étant pas celle dont Dioscoride avoit parle devoient être proscrites de dessus la terre. De ce conflit résulterent enfin des recherches, à la vérité, plus attentives & quelques bonnes observations qui mériterent d’être conservées, mais en même tems un tel cahos de nomenclature que les Médecins & les Herboristes avoient absolument cesse de s’entendre entr’eux: il ne pouvoit plus y avoir communication de lumieres, il n’y avoit plus des disputes de mots & de noms, & même toutes les recherches & descriptions utiles etoient perdues faute de pouvoir décider de quelle plante chaque au avoit parle.
Il commença pourtant à se former de vrais Botanistes, tels que Clusius, Cordus, Cesalpin, Gesner, & a se faire de bons livres & instructifs sur cette matiere, dans lesquels même on trouve déjà quelques traces de méthode. Et c’etoit certainement une perte que ces pieces devinssent inutiles & inintelligibles par la seule discordance des noms. Mais de cela même que les auteurs commençoient à réunir les especes & à séparer les genres, chacun selon sa maniere d’observer le port & la structure apparente, il résulta de nouveaux inconvéniens & une nouvelle obscurité, parce que claque auteur réglant sa nomenclature sur sa méthode créoit de nouveaux genres, ou separoit [465] les anciens selon que le requéroit le caractere des siens. De sorte qu’especes & genres, tout etoit tellement mêle, qu’il n’y avoit presque pas de plante qui n’eut autant de noms différens, qu’il y avoit d’auteurs qui l’avoient décrite; ce qui rendort l’étude de la concordance aussi longue & souvent plus difficile celle des plantes même.
Enfin parurent ces deux illustres freres, qui ont plus fait eux seuls pour le progrès de la Botanique, que tous les autres ensemble qui les ont précédés & même suivis jusqu’à Tournefort. Hommes rares, dont le savoir immense & les solides travaux consacres à la Botanique, les rendent dignes de l’immortalité qu’ils leur ont acquise. Car tant que cette science naturelle ne tombera pas dans l’oubli, les noms de Jean & de Gaspard Bauhin vivront avec elle dans la mémoire des hommes.
Ces deux hommes entreprirent, chacun de son cote, une histoire universelle des plantes, & ce qui se rapporte plus immédiatement à cet article, ils entreprirent l’un & l’autre d’y joindre une synonymie, c’est-à-dire, une liste exacte des noms que chacune d’elles portoit dans tous les auteurs qui les avoient précédés. Ce travail devenoit absolument nécessaire pour qu’on put profiter des observations de chacun d’eux; car sans cela il devenoit presque impossible de suivre & démêler chaque plante à travers tant de noms différens.
[466] L’aine a exécute à-peu-près cette entreprise dans les trois volumes in-folio qu’on a imprimes après sa mort, & il y a joint une critique si juste, qu’il s’est rarement trompe dans ses synonymies.
Le plan de son frere etoit encore plus vaste., comme il paroit par le premier volume qu’il en a donne & qui peut faire juger de l’immensité de tout l’ouvrage, s’il eut en le tems de l’exécuter; mais au volume près dont je viens de parler, nous n’avons que les titres du reste dans son pinax, & ce pinax, fruit de quarante de travail est encore aujourd’hui le guide de tous ceux qui veulent travailler sur cette matiere & consulter les anciens auteurs.
Comme la nomenclature des Bauhins n’etoit formée que des titres de leurs chapitres, & que ces titres prenoient ordinairement plusieurs mots, de-la vient l’habitude de n’employer pour noms de plantes que des phrases louches assez longues, ce qui rendoit cet nomenclature non-seulement traînante & embarrassante, mais pédantesque & ridicule. Il y auroit à cela, je l’avoue, quelque avantage, si ces phrases avoient été mieux faites; mais composées indifféremment des noms des lieux d’ou venoient ces plantes, des noms des gens qui les avoient envoyées, & même des noms d’autres plantes avec lesquelles on leur trouvoit quelque similitude, ces phrases [467] etoient des sources de nouveaux embarras & de nouveaux doutes, puisque la connoissance d’une seule plante exigeoit celle de plusieurs autres, auxquelles sa phrase renvoyoit, & dont les noms n’etoient pas plus détermines que le sien.
Cependant les voyages de long cours enrichissoient incessamment la Botanique de nouveaux trésors, & tandis que les anciens noms accabloient déjà la mémoire, il en faloit inventer de nouveaux sans cesse pour les plantes nouvelles qu’on decouvroit. Perdus dans ce labyrinthe immense, les Botanistes forces de chercher un fil pour s’en tirer, s’attachèrent enfin sérieusement à la méthode; Herman, Rivin, Ray, proposèrent chacun la sienne; mais l’immortel Tournefort l’emporta sur eux tous; il rangea le premier systématiquement tout le regne végétal; & reformant en partie la nomenclature, la combina par ses nouveaux genres avec celle de Gaspard Bauhin. Mais loin de la débarrasser de ses longues phrases, ou il en ajouta de nouvelles, ou il chargea les anciennes des additions que sa méthode le forçoit d’y faire. Alors s’introduisit l’usage barbare de lier les nouveaux noms aux anciens par un qui quae quod contradictoire, qui d’une même plante faisoit deux genres tout différens.
Dens Leonis qui pilosella folio minus villoso; Doria quae Jacobaea orientales limonii folio: Titanokeratophyton quod Lithophyton marinum albicans.
[468] Ainsi la nomenclature se chargeoit. Les noms des plantes devenoient non-seulement des phrases mais des périodes. Je n’en citerai qu’un seul de Plukenet qui prouvera que je n’exagère pas. " Gramen myloicophorum carolinianum seu gramen altissimum, panicula maxima speciosa, e specis majoribus compressiusculis utrinque pinnatis blattam molendariam quodam modo referentibus, composita, foliis convolutus mucronatis pungentibus." Almag. 137.
C’en etoit fait de la Botanique si ces pratiques eussent été suivies; devenue absolument insupportable, la nomenclature ne pouvoit plus subsister dans cet etat, & il faloit de toute nécessité qu’il s’y fit une reforme ou que la plus riche, la plus aimable, la plus facile des trois parties de l’Histoire naturelle fut abandonnée.
Enfin M. Linnaeus plein de ton système sexuel & des vastes idées qu’il lui avoit suggérées, forma le projet d’une refonte générale dont tout le monde sentoit le besoin, mais dont nul n’osoit tenter l’entreprise. Il fit plus, il l’exécuta, & après avoir préparé dans son Critica Botanica les regles sur lesquelles ce travail devoit être il conduit, il détermina dans son Genera plantarum ces genres des plantes, ensuite les especes dans son Species; de sorte que gardant tous les anciens noms qui pouvoient s’accorder avec ces nouvelles regles & refondant tous les autres, il établit [469] enfin une nomenclature éclairée, sur les vrais principes de l’art qu’il avoit lui-même exposes. I1 conserva tous ceux des anciens genres qui etoient vraiment naturels, il corrigea, simplifia, réunit ou divisa les autres selon que le requeroient les vrais caracteres. Et dans la confection des noms, il suivoit quelquefois même un peu trop sévèrement ses propres regles.
A l’égard des especes, il faloit bien pour les déterminer des descriptions & des différences; ainsi les phrases restoient toujours indispensables, mais s’y bornant à un petit nombre de mots techniques bien choisis & bien adaptes, il s’attacha à faire de bonnes & brèves définitions tirées des vrais caracteres de la plante, bannissant rigoureusement tout ce qui lui etoit etranger. Il falut pour cela créer, pour ainsi dire, à la Botanique une nouvelle langue qui épargnât ce long circuit de paroles qu’on voit dans les anciennes descriptions. On s’est plaint que les mots de cette langue n’etoient pas tous dans Ciceron. Cette plainte auroit un sens raisonnable, si Ciceron eut fait un traite complet de Botanique. Ces mots cependant sont tous grecs ou latins, expressifs, courts, sonores, & forment même des constructions élégantes par leur extrême précision. C’est dans la pratique journalière de l’art, qu’on sent tout l’avantage de cette nouvelle langue, aussi commode & nécessaite Botanistes qu’est celle de l’Algebre aux Géometres.
[470] Jusque-là M. Linnaeus avoit détermine le plus grand nombre des plantes connues, mais il ne les avoit pas nommées: car ce n’es pas nommer une chose que de la définir; une phrase ne sera jamais un vrai nom & n’en sauroit avoir l’usage. Il pourvut a ce défaut par l’invention des noms triviaux, qu’il joignit à ceux des genres pour distinguer les especes. De cette maniere le nom de chaque plante n’est compose jamais que de deux mots, & ces deux mots seuls choisis avec discernement & appliques avec justesse, sont souvent mieux connoitre la plante que ne faisoient les longues phrases Micheli & de Plukenet. Pour la connoitre mieux encore & plus réguliérement, on a la phrase qu’il faut savoir sans doute, mais qu’on n’a plus besoin de répéter à tout propos lorsqu’il ne faut que nommer l’objet.
Rien n’etoit plus maussade & plus ridicule lorsqu’une femme ou quelqu’un de ces hommes qui leur ressemblent, vous demandoient le nom d’une herbe on d’une fleur dans un jardin, que le nécessité de cracher en réponse une longue enfilade de mots latins qui ressembloient à des évocations magiques; inconvénient suffisant pour rebuter ces personnes frivoles d’une étude charmante offerte avec un appareil aussi pédantesque.
Quelque nécessaire, quelque avantageuse que fut cette reforme, il ne faloit pas moins que le profond savoir de [471] M. Linnaeus pour la faire avec succès, & que la, célébrité de grand naturaliste pour la faire universellement adopter. Elle a d’abord éprouve de la résistance, elle en éprouve encore. Cela ne sauroit être autrement, ses rivaux dans la même carrière regardent cette adoption comme un aveu d’infériorité qu’ils n’ont garde de faire; sa nomenclature paroit tenir tellement à son système, qu’on ne s’avise gueres de l’en séparer. Et les Botanistes du premier ordre, qui se croient obliges par hauteur de n’adopter le système de personne & d’avoir chacun le sien, n’iront pas sacrifier leurs prétentions aux progrès d’un art dont l’amour dans ceux qui le professent est rarement désintéresse.
Les jalousies nationales s’opposent encore à l’admission d’un système etranger. On se croit oblige de soutenir les illustres de son pays, sur-tout lorsqu’ils ont cesse de vivre; car même l’amour-propre qui faisoit souffrir avec peine leur supériorité durant leur vie, s’honore de leur gloire après leur mort.
Malgré tout cela, la grande commodité de cette nouvelle nomenclature & son utilité que l’usage à fait connoitre, l’ont fait adopter presque universellement dans toute Europe plutôt ou plus tard, à la vérité, main enfin àpeu-près par-tout, & même à Paris. M. de Juffeu vient de l’établir au jardin du Roi, préférant ainsi l’utilité [472] publique à la gloire d’une nouvelle refonte que sembloit demander la méthode des familles naturelles dont son illustre oncle est l’auteur. Ce n’est pas que cette nomenclature Linnéene n’ait encore ses défauts & ne laisse de grandes prises à la critique; mais en attendant qu’on en trouve une plus parfaite à qui rien ne manquer, il vaut cent fois mieux adopter celle-la que de n’en avoir aucune, ou de retomber dans les phrases de Tournefort & de Gaspard Bauhin. J’ai même peine à croire qu’une meilleure nomenclature put avoir désormais assez de succès pour proscrire celle-ci, à laquelle les Botanistes de l’Europe sont déjà tout accoutumes, & c’est par la double chaîne de l’habitude & de la. commodité qu’ils y renonceroient avec plus de peine encore qu’ils n’en eurent à l’adopter. Il faudroit, pour opérer ce changement, un auteur dont le crédit effacât celui de M. Linnaeus, & à l’autorité duquel l’Europe entiere voulut se soumettre une seconde fois, ce qui me paroit difficile à espérer. Car si son système, quelque excellent qu’il puisse être, n’est adopte que par une seule nation, il jettera la Botanique dans un nouveau labyrinthe, & nuira plus qu’il ne servira.
La travail même de M. Linnaeus, bien qu’immense, reste encore imparfait, tant qu’il ne comprend pas toutes les plantes connues, & tant qu’il n’est pas adopte par tous les Botanistes sans exception: car les livres de [473] ceux qui ne s’y soumettent pas, exigent de la part des lecteurs, le même travail pour la concordance auquel ils étoient forcés pour les livres qui ont précédé. On a obligation à M. Crantz, malgré sa passion contre M. Linnaeus, d’avoir, en rejettent son système, adopte sa nomenclature. Mais M. Haller, dans son grand & excellent traite des plantes alpines, rejette a. la fois l’un & l’autre, & M. Adanson fait encore plus, il prend une nomenclature toute nouvelle & ne fournit aucun renseignement pour y rapporter celle de M. Linnaeus. M. Haller cite toujours les genres & quelquefois les phrases des especes de M. Linnaeus, mais M. Adanson n’en cite jamais ni genre ni phrases. M. Haller s’attache à une synonymie exacte, par laquelle, quand il n’y joint pas la phrase de M. Linnaeus, on peut du moins la trouver indirectement par le rapport des synonymes. Mais M. Linnaeus & ses livres sont tout-à-fait nuls pour M. Adanson & pour ses lecteurs, il ne laisse aucun renseignement par lequel on s’y puisse reconnoître. Ainsi il faut opter entre M. Linnaeus & M. Adanson qui l’exclud sans miséricorde, & jetter tous les livres de l’un ou de l’autre au feu. Ou bien il faut entreprendre un nouveau travail qui ne sera ni court ni facile pour faire accorder deux nomenclatures, qui n’offrent aucun point de réunion.
De plus, M. Linnaeus n’a point donne une synonymie [474] complete. Il s’est contente pour les plantes anciennement connues de citer les Pauhins & Clusius, & une figure de chaque plante. Pour les plantes exotiques découvertes récemment, il a cite un ou deux auteurs modernes & les figures Rheedi, de Rumphius & quelques autres, & s’en est tenu-là. Son entreprise n’exigeoit pas de lui une compilation plus étendue, & c’etoit assez qu’il donnât un seul renseignement sur pour chaque plante dont il parloit.
Tel est l’etat actuel des choses. Or sur cet expose je demande à tout lecture sensé comment il est possible de s’attacher à l’étude des plantes, en rejettant celle de la nomenclature? c’est comme si l’on vouloit se rendre savant dans une langue sans vouloir en apprendre les mots. Il est vrai que les noms sont arbitraires, que la connoissance des plantes ne tient point nécessairement à celle de la nomenclature, & qu’il est aise de supposer qu’un homme intelligent pourroit être un excellent Botaniste, quoiqu’il ne connut pas une seule plante par son nom. Mais qu’un homme seul, sans livres & sans aucun secours des lumieres communiquées, parvienne à devenir de lui-même un très-médiocre Botaniste, c’est une assertion ridicule à faire & une entreprise impossible à exécuter. Il s’agit de savoir si trois cents ans d’études & d’observations doivent être perdus pour la Botanique, si trois cents [475] volumes de figures & de descriptions doivent être jettes au feu, si les connoissances acquises par tous les savans, qui ont consacre leur bourse, leur vie & leurs veilles à des voyages immenses, coûteux, pénibles & périlleux doivent être inutiles à leurs successeurs, & si chacun partant toujours de zéro pour son premier point, pourra parvenir de lui-même aux mêmes connoissances qu’une longue suite de recherches & d’études à répandues dans la masse du genre-humain. Si cela n’est pas & que la troisieme & plus aimable partie de l’histoire naturelle mérite l’attention des curieux, qu’on me dise comment on s’y prendra pour faire usage des connoissances ci-devant acquises, si l’on ne commence par apprendre la langue des auteurs & par savoir à quels objets se rapportent les noms employés par chacun d’eux. Admettre l’étude de la Botanique & rejetter celle de la nomenclature, c’est donc tomber dans la plus absurde contradiction.
[477] FRAGMENS POUR UN DICTIONNAIRE DES TERMES D’USAGE EN BOTANIQUE.
ABRUPTE. On donne l’épithete d’Abrupte aux feuilles pintées, au sommet desquelles manque la foliole impaire terminale qu’elles ont ordinairement.
ABRUVOIRS, ou goutieres. Trous qui se forment dans le bois pourri des chicots, & qui retenant l’eau des pluies, pourrissent enfin le reste du tronc.
ACAULIS, sans tige.
AIGRETTE. Touffe de filamens simples ou plumeux qui couronnent les semences dans plusieurs genres de composées & d’autres fleurs. L’Aigrette est ou sessile, c’est-à-dire, immédiatement attachée autour de l’embrion qui les porte, ou pédiculée, c’est-à-dire, portée par un pied appelle en latin Stipes qui la tient élevée au-dessus de l’embrion. L’Aigrette sert d’abord de calice au fleuron, ensuite elle le pousse & le chasse à mesure qu’il se fane pour qu’il ne reste pas sous la semence & ne l’empêche pas de mûrir; elle garantit cette même semence nue à de l’eau de la pluie qui pourroit la pourrir; & lorsque la semence [478] est mure, elle lui sert d’aile pour être portée & disséminée au loin par les vents.
AILÉE. Une feuille composée de deux folioles opposées sur le même pétiole, s’appelle feuille allée.
AISSELLE. Angle aigu ou droit, forme par une branche sur une autre branche ou sur la tige, ou par une feuille sur une branche.
AMANDE. Semence enfermée dans un noyau.
ANDROGYNE. Qui porte des fleurs mâles & des fleurs semelles sur le même pied, Ces mots Androgyne & Monoique signifient absolument la même chose. Excepte que dans le premier on fait plus d’attention au différent sexe des fleurs, & dans le second à leur assemblage sur le même individu.
ANGIOSPERME, à semences enveloppées. Ce terme d’angiosperme convient également aux fruits à capsule & aux fruits à baye.
ANTHERE. Capsule ou boëte portée par le filet de l’étamine, & qui s’ouvrant au moment de la fécondation, répand la poussiere prolifique.
ANTHOLOGIE. Discours sur les fleurs. C’est le titre d’un livre de Pontedera, dans lequel il combat de toute sa force le système sexuel qu’il eut sans doute adopte lui-même, si les ecrits de Vaillant & de Linnaeus avoient précédé le sien.
APHRODITES. M. Adanson donne ce nom à des animaux dont chaque individu reproduit son semblable par le génération, mais sans aucun acte extérieur de copulation ou de fécondation, tels que quelques pucerons, les conques, la plupart des vers sans sexe, les infectes qui se reproduisent sans génération, mais [479] par la section d’une partie de leur corps. En ce sens les plantes qui se multiplient par boutures & par caieux peuvent être appelées aussi Aphrodites. Cette irrégularité si contraire à la marche ordinaire de la nature, offre bien des difficultés à la définition de l’espece: est-ce qu’a proprement parler il n’existeroit point d’especes dans la nature, mais seulement des individus? Mais on peut douter, je crois, s’il est des plantes absolument Aphrodites, c’est-à-dire, qui n’ont réellement point de sexe & ne peuvent se multiplier par copulation. Au reste, il y a cette différence entre ces deux mots Aphrodite & Asexe, que le premier s’applique aux plantes qui n’ayant point de sexe ne laissent pas de multiplier; au lieu que l’autre ne convient qu’a celles qui sont neutres ou stériles & incapables de reproduire leur semblable.
APHYLLE. On pourroit dire effeuillé, mais effeuille signifie dont on a ôte les feuilles, & Aphylle qui n’en a point.
ARBRE. Plante d’une grandeur considérable, qui n’a qu’un seul & principal tronc divise en maîtresses branches.
ARBRISSEAU. Plante ligneuse de moindre taille que l’arbre, laquelle se divise ordinairement des la racine en plusieurs tiges. Les arbres & les arbrisseaux poussent en automne des boutons dans les aisselles des feuilles qui se développent dans le printems s’épanouissent en fleurs. & en fruits; différence qui les distingue des sous-arbrisseaux.
ARTICULE. Tige, racines, feuilles, silique; se dit lorsque quelqu’une de ces parties de la plante se trouve coupée par des nœuds distribues de distance en distance.
AXILLAIRE. Qui sort d’une aisselle.
[480] BALE. Calice dans les graminées.
BAYE. Fruit charnu ou succulent à une ou plusieurs loges.
BOULON. Groupe de fleurettes amassées en tête.
BOURGEON. Germe des feuilles & des branches.
BOUTON. Germe des fleurs.
BOUTURE. Est une jeune branche que l’on coupe à certains arbres moelleux, tels que le figuier, le saule, le coignassier, laquelle reprend en terre sans racine. La réussite des boutures dépend plutôt de leur facilite à produire des racines, que de l’abondance de la moelle des branches; car l’oranger, le buis, l’if & la sabine qui ont peu de moelle, reprennent facilement de bouture.
BRANCHES. Bras plians & élastiques du corps de l’arbre, ce sont elles qui lui donnent la figure; elles sont ou alternes, ou opposées, ou verticillées. Le bourgeon s’étend peu-à-peu en branches posées collatéralement & composées des mêmes parties de la tige, & l’on prétend que l’agitation des branches causée par le vent est aux arbres ce qu’est aux animaux l’impulsion du cœur. On distingue,
1°. Les maîtresses branches, qui tiennent immédiatement au tronc, & d’ou partent toutes les autres.
2°. Les branches à bois, qui étant les plus grosses & pleines de boutons plats, donnent la forme à un arbre fruitier, & doivent le conserver en partie.
3°. Les branches à fruits sont plus foibles & ont des boutons ronds.
4°. Les chiffonnes sont courtes & menues.
5°. Les gourmandes sont grosses, droites & longues.
[481] 6°. Les Veules sont longues & ne promettent aucune fécondité.
7°. La branche aoûtée est celle qui, après le mois d’Août, pris naissance, s’endurcit & devient noirâtre.
8°. Enfin, la branche de faux-bois est grosse à l’endroit ou elle devroit être menue, & ne donne aucune marque de fécondité.
BULBE. Est une racine orbiculaire composée de plusieurs peaux ou tuniques emboîtées les unes dans les autres. Les bulbes sont plutôt des boutons sous terre que des racines; ils sont eux-mêmes de véritables, généralement presque cylindriques & rameuses.
CALICE. Enveloppe extérieure ou soutien des autres parties de la fleur, &c. Comme il y a des plantes qui n’ont point de calice, il y en a aux dont le calice se métamorphose peu-à-peu en feuilles de la plante, & réciproquement il y en a dont les feuilles de la plante se changent en calice: c’est ce qui se voit dans la famille de quelques renoncules, comme l’Anémone, la Pulsatille, &c.
CAMPANIFORME, ou Campanulée. Voyez Cloche.
CAPILLAIRES. On appelle feuilles capillaires dans la famille des mousses celles qui sont déliées comme des cheveux. C’est ce qu’on trouve souvent exprime dans le synopsis de Ray, & dans l’histoire des mousses de Dillen Par le mot grec de Trichodes.
On donne aussi le nom de Capillaires à une branche de la famille des fougeres, qui porte comme elles sa fructification sur le dos des feuilles, & ne s’en distingue que par la stature des plantes qui la composent, beaucoup plus petite dans les capillaires que dans les fougeres.
[482] CAPRIFICATION. Fécondation des fleurs femelles d’une forte de Figuier dioique par la poussiere des étamines de l’individu mâle appelle caprifiguier. Au moyen de cette opération de la nature, aidée en cela de l’industrie humaine, les figues ainsi secondées grossissent, mûrissent & donnent une récolte meilleure & plus abondante qu’on ne l’obtiendroit sans cela.
La merveille de cette opération consiste en ce que, dans le genre du Figuier, les fleurs étant encloses dans le fruit, il n’y a que celles qui sont hermaphrodites ou androgynes qui semblent pouvoir être secondées; car quand les sexes sont tout-à-fait sépares, on ne voit pas comment la poussiere des fleurs mâles pourroit pénétrer sa propre enveloppe & celle du fruit femelle jusqu’aux pistils qu’elle doit seconder, c’est un infecte qui se charge de ce transport. Une sorte de moucheron particuliere au caprifiguier y pond, y éclos., s’y couvre de la poussiere des étamines, la porte par l’œil de la figue à travers les écailles qui en garnissent l’entrée, jusques dans l’intérieur du fruit, & la, cette poussiere ne trouvant plus d’obstacle, se dépose sur l’organe destine à la recevoir.
L’histoire de cette opération a été détaillée en premier lieu par Théophraste, le premier, le plus savant ou, pour mieux dire, l’unique & vrai Botaniste de l’antiquité, & après lui par Pline chez les anciens. Chez les modernes par Jean Bauhin, puis par Tournefort fur les lieux mêmes, après lui par Pontedera, & par tous les compilateurs de Botanique & d’Histoire naturelle qui n’ont fait que transcrire la relation de Tournefort.
CAPSULAIRE. Les plantes capsulaires sont celles dont. [483] le fruit est à celles. Ray a fait de cette division sa dix-neuvieme classe. Herba vasculisera.
CAPSULE. Péricarpe sec d’un fruit sec; car on ne donne point, par exemple, le nom de capsule à l’écorce de la Grenade, quoiqu’aussi sèche & dure que beaucoup d’autres capsules, parce qu’elle enveloppe un fruit mou.
CAPUCHON, CALYPTRA. Coeffe pointue qui couvre ordinairement l’une des mousses. Le capuchon est d’abord adhérent à l’urne, mais ensuite il se détache & tombe quand elle approche de la maturité.
CARYOPHYLLEE. Fleur CARYOPHYLLEE ou en œillet.
CAYEUX. Bulbes par lesquelles plusieurs liliacées & autres plantes se reproduisent.
CHATON. Assemblage de fleurs mâles ou femelles spiralement attachées à un axe ou réceptacle commun, autour duquel ces fleurs prennent la figure d’une queue de chat. Il y a plus d’arbres a chatons mâles qu’il n’y en a qui aient aussi des chatons femelles.
CHAUME. (Culmus) Nom particulier dont on distingue la tige graminées de celles des autres plantes, & à qui l’on donne pour caractere propre d’être géniculée & fistuleuse, quoique beaucoup d’autres plantes aient ce même caractere & que les Lêches & divers gramens des Indes ne l’aient pas. On ajoute que le chaume n’est jamais rameux, ce qui néanmoins souffre encore exception dans l’Arundo calamagrostis & dans d’autres.
CLOCHE. Fleurs en cloche ou campaniformes.
COLORE Les calices, les bâles, les écailles, les enveloppes, [484] les parties extérieures des plantes qui sont vertes ou grises, communément sont dites colorées lorsqu’elles ont une couleur plus éclatante & plus vive que leurs semblables, tels sont les calices de la Circée, de la Moutarde, de la Carline; les enveloppes de l’Astrantia: la corolle des Ornithogales blancs & jaunes est verte en dessous & colorée en dessus; les écailles du Xeranthême sont si colorées qu’on les prendroit pour des pétales, & le calice du Polygala, d’abord très-colore, perd sa couleur peu-à-peu, & prend enfin celle d’un calice ordinaire.
CORDON ombilical dans les capillaires & fougeres.
CORNET. Sorte de nectaire infundibuliforme.
CORYMBE. Disposition de fleur qui tient le milieu entre l’ombelle & la panicule; les pédicules sont gradues le long de la tige comme dans la panicule, & arrivent tous à la même hauteur, formant a. leur sommet une surface plane.
Le corymbe diffère de l’ombelle, en ce que les pédicules qui le forment au lieu de partir du même centre, par différentes. hauteurs, de divers points sur le même axe.
CORYMBIFERES. Ce mot sembleroit devoir designer les plantes à fleurs en corymbe, comme celui d’ombelliseres désigne les plantes à fleurs en parasol. Mais l’usage n’a pas autorise cette analogie; l’acception dont je vais parler n’est pas même fort usitée, mais comme elle a été employée par Ray & par d’autres Botanistes; il la faut connoitre pour les entendre.
Les plantes corymbiferes sont donc dans la classe des composées, & dans la section des discoïdes celles qui portent leurs semences nues, c’est-à-dire, sans aigrettes ni filets qui les couronnent; tels sont les Bidens, les Armoises, la Tanaisie, &c. [485] On observera que les demi-fleuronnées à semences nues comme la Lampsane, l’Hyoseris, la Catanance, &c. ne s’appellent pas cependant corymbiferes, parce qu’elles ne sont pas du nombre des discoides.
COSSE. Péricarpe des fruits légumineux. La cosse est composée ordinairement de deux valvules; & quelquefois n’en a qu’une seule.
COSSON. Nouveau sarment qui, croit sur la vigne après qu’elle est taillée.
COTYLEDON. Foliole ou partie de l’embrion dans laquelle s’élaborent & se préparent les sucs nutritifs de la nouvelle plante.
Les Cotyledons, autrement appelles feuilles séminales, sont les premieres parties de la plante qui paroissent hors de terre lorsqu’elle commence à végéter. Ces premieres feuilles sont très-souvent d’une autre forme que celles qui les suivent & qui sont les véritables feuilles de la plante. Car pour l’ordinaire les cotyledons ne tardent pas à se flétrir & à tomber peu après que la plante est levée & qu’elle reçoit par d’autres parties une nourriture plus abondante que celle qu’elle droit par eux de la substance même de la semence.
Il y a des plantes qui n’ont qu’un cotyledon, & qui pour cela s’appellent monocotyledones, tels sont les Palmiers, les liliacées, les graminées & d’autres plantes, le plus grand nombre en ont deux, & s’appellent dicotyledones; si d’autres en ont davantage, elles s’appelleront polycoryledones. Les acotyledones sont celles qui n’ont point de cotyledons, telles les fougeres, les mousses, les champignons & toutes les cryptogames.
[486] Ces différences de la germination ont fourni à Ray, à d’autres Botanistes, & en dernier lieu à Messieurs de Jussieu & Haller la premiere ou plus grande division naturelle du regne végétal.
Mais pour classer les plantes suivant cette méthode, il faut les examiner sortant de terre, dans leur premiere germination, & jusques dans la semence même; ce qui est souvent fort difficile sur-tout pour les plantes marines & aquatiques. Et pour les arbres & plantes étrangeres ou alpines qui refusent de germer & naître dans nos jardins.
CRUCIFERE ou CRUCIFORME, dispose en forme de croix. On donne spécialement le nom de crucifere a. une famille de plantes dont le caractere est d’avoir des fleurs composées de quatre pétales disposes en croix, sur un calice compose d’autant de folioles, & autour du pistil six étamines, dont deux égales entr’elles, sont plus courtes que les quatre autres, & les divisent également.
CUPULES. Sortes de petites calottes ou coupes qui naissant le plus souvent sur plusieurs Lichens & Algues; & dans le creux desquelles on voit les semences naître & se former, sur-tout dans le genre appelle jadis hépatique des fontaines, & aujourd’hui marchantia.
CYME, ou CYMIER. Sorte d’ombelle qui n’a rien de régulier, quoique tous ses rayons partent du même centre; telles sont les fleurs de l’Obier, du Chèvrefeuille, &c.
DEMI-FLEURON. C’est le nom donne par Tournefort, dans les fleurs composées, aux fleurons échancres qui garnissent le disque des lactucées & à ceux qui forment le contour [487] des radiées. Quoique ces deux sortes de demi-fleurons soient exactement de même figure, & pour cela confondues sous le même nom par les Botanistes, ils différent pourtant essentiellement en ce que les premiers ont toujours des étamines & que les autres n’en ont jamais. Les demi-fleurons de même que les fleurons sont toujours supères, & portes par la semence qui est portée à son tour par le disque ou réceptacle de la fleur: Le demi-fleuron est forme de deux parties, l’inférieure qui est un tube ou cylindre très-court, & la supérieure qui est plane, taillée en languette, & à qui l’on en donne le nom.Voyez, Fleuron, Fleur.
DIECIE oui DIOECIE, habitation sépare. On donne le nom de Diecie à une classe de plantes composées de toutes celles qui portent leurs fleurs mâles sur un pied, & leurs fleurs femelles sur un autre pied.
DIGITÉ. Une feuille est digitée lorsque ses folioles partent toutes du sommet de son pétiole comme d’un centre commun. Telle est, par exemple, la feuille du Marronier d’Inde.
DIOIQUES. Toutes les plantes de la Diecie sont Dioiques.
DISQUE. Corps intermédiaire qui tient la fleur ou quelque-unes de ses parties élevées au-dessus du vrai réceptacle.
Quelquefois on appelle disque le réceptacle même comme dans les composées; alors on distingue la surface du réceptacle, ou le disque, du contour qui le borde & qu’on nomme rayon,
Disque est aussi un corps charnu qui se trouve dans quelques genres de plantes, au fond du calice, dessous l’embrion; quelquefois les étamines sont attachées autour de ce disque.
DRAGEONS. Branches enracinées qui tiennent. au pied [488] d’un arbre, ou au tronc, dont on ne peut les arracher sans l’éclater.
ECAILLES ou PAILLETTES. Petites languettes paléacées qui, dans plusieurs genres de fleurs composées, implantées sur le réceptacle, distinguent & séparent les fleurons; quand les paillettes sont de simples filets, on les appelle des poils; mais quand elles ont quelque largeur, elles prennent le nom d’écailles.
Il est singulier dans le Xeranthême à fleur double, que les écailles autour du disque s’alongent, se colorent & prennent l’apparence de vrais demi-fleurons, au. point de tromper à l’aspect, quiconque n’y regarderoit pas de bien près.
On donne très-souvent le nom d’écailles aux calices des chatons & des cônes: on le donne aussi aux folioles des calices imbriques des fleurs en tête, tels que les Chardons, les Jacées, & à celles des calices de substance sèche & scarieuse du Xéranthème & de la Catananche.
La tige des plantes dans quelques especes, est aussi d’écailles: ce sont des rudimens coriaces de feuilles qui quelquefois en tiennent lieu, comme dans l’Orabanche & le Tussillage.
Enfin on appelle encore écailles les enveloppes imbriquées des bâles de plusieurs liliacées, & les bâles ou calices applatis des Schoenus, & d’autres graminacées.
ECORCE. Vêtement ou partie enveloppante du tronc & des branches d’un arbre. L’écorce est moyenne entre l’épiderme à l’extérieur, & le liber à l’intérieur; ces trois enveloppes se réunissent souvent dans l’usage vulgaire sous le nom commun d’écorce.
[489] EDULE, EDULIS, bon à manger. Ce mot est du nombre de ceux qu’il est à désirer qu’on fasse passer du latin dans la langue universelle de la Botanique.
ENTRE-NOEUDS. Ce sont dans les chaumes des graminées les intervalles qui séparent les nœuds d’ou naissent les feuilles. Il y a quelques gramens, mais en bien petit nombre, dont le chaume nud d’un bout à l’autre est sans nœuds, & par conséquent sans entre-noeuds, tel, par exemple, que l’Aira caerulea.
EPERON. Protubérance en forme de cône droit ou recourbe, faite dans plusieurs sortes de fleurs par le prolongement du nectaire. Tels sont les éperons des Orchis, des Linaires, des Ancolies, des Pieds-d’alouettes, de plusieurs Geranium & de beaucoup d’autres plantes.
EPI. Forme de bouquet dans laquelle les fleurs sont attachées autour d’un axe ou réceptacle commun forme par l’extrémité du chaume ou de la tige unique. Quand les fleurs sont pédiculées, pourvu que tous les pédicules soient simples & attaches immédiatement à l’axe, le bouquet s’appelle toujours épi; mais dans l’épi rigoureusement pris, les fleurs sont seffiles.
EPIDERME (l’). Est la peau fine extérieure qui enveloppe les couches corticales; c’est une membrane très fine, transparente, ordinairement sans couleur, clastique & un peu poreuse.
ESPECE. Réunion de plusieurs variétés, ou individus, sous un caractere commun qui les distingue de toutes les autres plantes du même genre.
ETAMINES. Agens masculins de la fécondation; leur forme est ordinairement celle d’un filet qui supporte une tête appelle anthère, ou sommet. Cette anthère est une espece de capsule [490] qui contient la poussiere prolifique. Cette poussiere s’échappe, soit par explosion, soit par dilatation, & va s’introduire dans le stigmate, pour être portée jusqu’aux ovaires qu’elle seconde. Les étamines varient par la forme & par le nombre.
ETENDART. Pétale supérieur des fleurs légumineuses.
ENVELOPPE. Espece de calice qui contient plusieurs fleurs, comme dans le Pied-de-veau, le Figuier, les fleurs à fleurons. Les fleurs garnies d’une enveloppe ne sont pas pour cela dépourvues de calice.
FANE. La fane d’une plante, est l’assemblage des feuilles d’en-bas.
FÉCONDATION. Opération naturelle par laquelle les étamines portent au moyen du pistil jusqu’à l’ovaire, le principe de vie nécessaire à la maturisation des semences & à leur germination.
FEUILLES. Sont des organes nécessaires aux plants pour pomper l’humidité de l’air pendant la nuit, & faciliter la transpiration durant le jour; elles suppléent encore dans les végétaux au mouvement progressif & spontané des animaux, & en donnant prise au vent pour agiter les plantes & les rendre plus robustes. Les plantes alpines sans cesse battues du vent & des ouragans, sont toutes fortes & vigoureuses; au contraire, celles qu’on eleve dans un jardin ont un air trop calme, y prospèrent moins & souvent languissent & dégénerent.
FILET. Pédicule qui soutient l’étamine. On donne, aussi le nom de filets aux poils qu’on voit sur la surface des tiges, des feuilles & même des fleurs de plusieurs plantes.
FLEUR. Si je livrois mon imagination aux doues sensations [491] que ce mot semble appeller, je pourrois faire un article agréable peut-être aux Bergers, mais fort mauvais pour les Botanistes. Ecartons donc un moment les vives couleurs, les odeurs suaves, les formes élégantes, pour chercher premièrement à bien connoitre l’être organise qui les rassemble. Rien ne paroit d’abord plus facile; qui est-ce qui croit avoir besoin qu’on lui apprenne ce que c’est qu’une fleur? Quand on ne me demande pas ce que c’est que le tems, disoit Saint Augustin, je le fais fort bien; je ne le fais plus quand on me le demande. On en pourroit dire autant de la fleur & peut-être de la beauté même, qui, comme elle, est la rapide proie du tems. En effet, tous les Botanistes qui ont voulu donner jusqu’ici des définitions de la fleur ont échoue dans cette entreprise, & les plus illustres, tels que Messieurs Linnaeus, Haller, Adanson, qui sentoient mieux la difficulté que les: autres, n’ont pas même tente de la surmonter & ont laisse la fleur à définir. Le premier a bien donne dans sa philosophie botanique les définitions de Jungins, de Ray, de Tournefort, de Pontedera, de Ludwig, mais sans en adopter aucune, & sans en proposer de son chef.
Avant lui Pontedera avoit bien senti & bien expose cette difficulté, mais il ne put résister à la tentation de la vaincre. Le lecteur pourra bientôt juger du succès. Disons maintenant en quoi cette difficulté consiste, sans néanmoins compter si je tente à mon tour de lutter contr’elle, de réussir mieux qu’on n’a fait jusqu’ici.
On me présente une rose, & l’on me dit; voilà une fleur. C’est me la montrer, je l’avoue, mais ce n’est pas la définir, & [492] cette inspection ne me suffira pas pour décider sur toute autre plante si ce que je vois est ou n’est pas la fleur; car il y a multitude de végétaux qui n’ont dans aucune de leurs parties la couleur apparente que Ray, Tournefort, Jungins sont entrer dans la définition de la fleur, & qui pourtant portent des fleurs non moins réelles que celles du rosier, quoique bien moins apparentes.
On prend généralement pour la fleur la partie colorée de la fleur qui est la corolle, mais on s’y trompe aisément; il a des bractées & d’autres organes autant & plus colores que la fleur même & qui n’en sont point partie; comme on le voit dans l’Ormin, dans le Bled-de-vache, dans plusieurs Amaranthes & Chenopodium; il y a des multitudes de fleurs qui n’ont point du tout de corolle, d’autres qui l’ont sans couleur, si petite & si peu apparente, qu’il n’y a qu’une recherche bien soigneuse qui puisse l’y faire trouver. Lorsque les bleds sont en fleur, y voit-on des pétales colores, en voit-on dans les mousses, dans les graminées? En voit-on dans les chatons du Noyer, du Hêtre & du Chêne, dans l’Aune, dans le Noisetier, dans le Pin, & dans ces multitudes d’arbres & d’herbes qui n’ont que des fleurs à étamines? Ces fleurs néanmoins n’en portent pas moins le nom de fleurs; l’essence de la fleur n’est donc pas dans la corolle.
Elle n’est pas non plus séparément aucune des autres parties constituantes de la fleur, puisqu’il n’y à aucune de ces parties qui ne manque à quelques especes de fleurs. Le calice manque, par exemple, à presque toute la famille des liliacées, & l’on ne dira pas qu’une Tulipe ou un Lis ne sont pas une fleur. S’il y [493] à quelques parties plus essentielles que d’autres à une fleur, ce sont certainement le pistil & les étamines. Or, dans toute la famille des cucurbitacées & même dans toute la classe des monoiques, la moitié des fleurs sont sans pistil, l’autre moitié sans étamines, & cette privation n’empêche pas qu’on ne les nomme & qu’elles ne soient les unes & les autres de véritables fleurs. L’essence de la fleur ne consiste donc ni séparément dans quelques-unes de ses parties dites constituantes, ni même dans l’assemblage de toutes ces parties. En quoi donc consiste proprement cette essence; voilà la question. Voilà la difficulté, & voici la solution par laquelle Pontedera à tache de s’en tirer.
La fleur, dit-il, est une partie dans la plante différente des autres par sa nature & par sa forme, toujours adhérente & utile à l’embrion, si la fleur à un pistil, & si le pistil manque, ne tenant à nul embrion.
Cette définition peche, ce me semble, en ce qu’elle embrasse trop. Car lorsque le pistil manque, la fleur n’ayant plus d’autres caracteres que de différer des autres parties de la plante par sa nature & par sa forme, on pourra donner ce nom aux Bractées, aux Stipules, aux Nectarium, aux Epines & à tout ce qui n’est ni feuilles ni branches. Et quand la corolle est tombée & que le fruit approche de sa maturité, on pourroit encore donner le nom de fleur au calice & au réceptacle, quoique réellement il n’y ait alors plus de fleur. Si donc cette définition convient omni, elle ne convient pas soli, & manque par-là d’une des deux principales conditions requises. Elle laisse d’ailleurs un vide dans l’esprit, qui est le plus grand [494] défaut qu’une définition puisse avoir. Car après avoir assigne l’usage de la fleur au profit de l’embrion quand elle y adhere, elle fait supposer totalement inutile celle qui n’y adhere pas. Et cela remplit mal l’idée que le Botaniste doit avoir da concours des parties & de leur emploi dans le jeu de la machine organique.
Je crois que le défaut général vient ici d’avoir trop considère la fleur comme une substance absolue, tandis qu’elle n’est, ce me semble, qu’un être collectif & relatif, & d’avoir trop rafine sur les idées tandis qu’il faloit se borner à celle qui se presentoit naturellement. Selon cette idée, la fleur ne me paroit être que l’etat passager des parties de la fructification durant la fécondation du germe; de-la suit que quand toutes les parties de la fructification seront réunies, il n’y aura qu’une fleur. Quand elles seront séparées, il y en aura autant qu’il y a de parties essentielles à la fécondation; & comme ces parties essentielles ne sont qu’au nombre de deux, savoir, le pistil & les étamines, il n’y aura par conséquent que deux fleurs, l’une mâle & l’autre femelle qui soient nécessaires à la fructification. On en peut cependant supposer une troisieme qui reuniroit les sexes sépares dans les deux autres. Mais alors si toutes ces fleurs etoient également fertiles, la troisieme rendroit les deux autres superflues, & pourroit seule suffire à l’oeuvre, ou lien il y auroit réellement deux fécondations, & nous examinons ici la fleur que dans une.
La fleur n’est donc que le foyer & l’instrument de la fécondation. Une seule suffit quand elle est hermaphrodite. Quand elle n’est que mâle ou femelle il en faut deux, savoir, une de [495] chaque sexe; & si l’on fait entrer d’autres parties, comme le calice & la corolle dans la composition de la fleur, ce ne peut être comme essentielles, mais seulement comme nutritives & conservatrices de celles qui le sont. Il y a des Fleurs sans calice, il y en a sans corolle. Il y en a même sans & sans l’autre; mais il n’y en a point & il n’y en sautoit avoir qui soient en même tems sans pistil sec sans étamines.
La Fleur est une partie locale & passagere de la plante qui précédé la fécondation du germe, & dans laquelle ou par laquelle elle s’opère.
Je ne m’étendrai pas à justifier ici tous les termes de cette définition qui peut-être n’en vaut pas la peine; je dirai seulement que le mot précédé m’y paroit essentiel, parce que.le plus souvent la corolle s’ouvre & s’épanouit avant que les anthères s’ouvrent à leur tour, & dans ce cas il est incontestable que la Fleur préexiste à l’oeuvre de la fécondation. J’ajoute que cette fécondation s’opère dans elle ou par elle, parce que dans les Fleurs mâles des plantes androgynes & dioiques, il ne s’opère aucune fructification, & qu’elles n’en sont pas moins des Fleurs pour cela.
Voilà, ce me semble, la notion la plus juste qu’on puisse se faire de la Fleur, & la seule qui ne laisse aucune prise aux objections qui renversent toutes les autres définitions qu’on a tente d’en donner jusqu’ici. Il faut seulement ne pas prendre trop strictement le mot durant que j’ai employé dans la mienne. Car même avant que la fécondation du germe soit commencée, on peut dire que la Fleur existe aussi-tôt que les organes sexuels sont en évidence, c’est-à-dire, aussi-tôt que la corolle est épanouie, & d’ordinaire les anthères ne s’ouvrent pas à [496] la poussiere séminale des l’instant que la corelles ouvre aux anthères; cependant la fécondation ne peut commencer avant que les anthères soient ouvertes. De même l’ouvre de la fécondation s’acheve souvent avant que la corolle se flétrisse & tombe: or jusqu’à cette chute on peut dire que la Fleur existe encore. Il faut donc donner nécessairement un peu d’extinction au mot durant pour pouvoir dire que la Fleur & l’oeuvre de la fécondation commencent & finissent ensemble.
Comme généralement la Fleur se fait remarquer par sa corolle, partie bien plus apparente que les autres par le vivacité de ses couleurs, c’est dans cette corolle aussi qu’on fait machinalement consister l’essence de la Fleur, & le Botanistes eux-mêmes ne sont pas toujours exempts de cette petite illusion; car souvent ils emploient le mot de Fleur pour celui de corolle, mais ces petites impropriétés d’inadvertance importent peu, quand elles ne changent rien aux idées qu’on a des choses quand on y pense. De-la ces mots de Fleurs monopétales, polypétales, de Fleurs labiées, personnées, de Fleurs régulières, irrégulières, &c. qu’on trouve fréquemment dans les livres même institutions. Cette petite impropriété etoit non-seulement pardonnable, mais presque forcée à Tournefort & à ses contemporains, qui n’avoient pas encore le mot de corolle, & l’usage s’en est conserve depuis eux par l’habitude sans grand inconvénient. Mais il ne seroit pas permis à moi qui remarque cette incorrection, de l’imiter ici; ainsi je renvoie au mot Corolle à parler de ses formes diverses & de ses divisions.* [*Cet article Corolle, auquel l’Auteur renvoie ici, ne s’est point trouve fait.]
[497] Mais je dois parler ici des Fleurs composées & simples, parce que c’est la Fleur même & non la corolle qui se compose, comme on le va voir après l’exposition des parties de la Fleur simple.
On divise cette Fleur en complete & incomplète. La Fleur complete est celle qui contient toutes les parties essentielles ou concourantes à la fructification, & ces parties sont au nombre de quatre; deux essentielles, savoir, le pistil & l’étamine, ou les étamines; & deux accessoires ou concourantes, savoir, la corolle & le calice, à quoi l’on doit ajouter le disque ou réceptacle qui porte le tout.
La Fleur est complete quand elle est composée de toutes ces parties; quand il lui en manque quelqu’une, elle est incomplète. Or la Fleur incomplets peut, manquer non-seulement de corolle & de calice, mais même de pistil ou d’étamines; & dans ce dernier cas, il y a toujours une autre Fleur, soit sur le même individu, soit sur un différent, qui porte l’autre partie essentielle qui manque à celle-ci; de-la la division en Fleurs hermaphrodites, qui peuvent.être complétés ou ne l’être pas, & en Fleurs purement être complétés ou ne l’être pas, & en Fleurs purement mâles ou femelles, qui sont toujours incomplètes.
La Fleur hermaphrodite incomplète n’en est pas moins parfaite pour cela, puisqu’elle se suffit à elle-même pour opérer la fécondation; mais elle ne peut être appelle complete, puisqu’elle manque de quelqu’une des parties de celles qu’on appelle ainsi. Une Rose, un Oeillet sont, par exemple, des Fleurs parfaits & complétés, parce qu’elles sont pourvues de toutes ces parties. Mais une Tulipe, un Lis, ne sont [498] point des Fleurs complétés, quoique parfaites, parce qu’elles n’ont point de calice; de même la jolie petite Fleur appellée Paronychia est parfaite comme hermaphrodite, mais elle est incomplète, parce que, malgré sa riante couleur, il lui manque une corolle.
Je pourrois, sans sortir encore de la section des Fleurs simples, parler ici des Fleurs régulieres, & des Fleurs appelées irréguliers. Mais comme ceci se rapporte principalement à la corolle, il vaut mieux sur cet article renvoyer le lecteur à ce mot.* [*Voyez la note précédente.] Reste donc à parler des oppositions que peut souffrir ce nom de Fleur simple.
Toute Fleur d’ou résulte une seule fructification est une Fleur simple. Mais si d’une seule Fleur résultent plusieurs fruit, Fleur s’appellera composée, & cette pluralité n’a jamais lieu dans les Fleurs qui n’ont qu’une corolle. Aussi toute Fleur composée à nécessairement non-seulement plusieurs pétales, mais plusieurs corolles; & polir que la Fleur soit réellement composée, & non par une seule agrégation de plusieurs Fleurs simples, il faut que quelqu’une des parties de la fructification soit commune à tous les fleurons composans, & manque à chacun d’eux en particulier.
Je prends, par exemple, une Fleur de Laiteron, la voyant remplie de plusieurs petites fleurettes, & je me demande si c’est une Fleur composée. Pour savoir cela, j’examine toutes les parties de la fructification l’une après l’autre, & je trouve que chaque fleurette à des étamines, un pistil, une corolle, [499] mais qu’il n’y a qu’un seul réceptacle en forme de disque que les reçoit toutes, & qu’il n’y a qu’un seul grand calice qui les environne; d’ou je conclus que la Fleur est composée, puisque deux parties de la fructification savoir, le calice & le réceptacle, sont communes à toutes & manquent à chacun en particulier. `
Je prends ensuite une Fleur de Scabieuse ou je distingue aussi plusieurs fleurettes; je l’examine de même, & je trouve que chacune d’elles est pourvue en son particulier de toutes les parties de la fructification, sans en excepter le calice & même le réceptacle, puisqu’on peut regarder comme tel le second calice qui sert de base à la semence. Je conclus donc que la Scabieuse n’est point une Fleur composée, quoiqu’elle rassemble comme elles plusieurs fleurettes sur un même disque & dans un même calice.
Comme ceci pourtant est sujet à dispute, sur-tout à cause du réceptacle, on tire des fleurettes même un caractere plus sur, qui convient à toutes celles qui constituent proprement une Fleur composée & qui ne convient qu’a elles; c’est d’avoir cinq étamines réunies en tube ou cylindre par leurs anthères autour du style & divisées par leurs cinq filets au bas de la corolle; toute Fleur dont les fleurettes ont leurs anthères ainsi disposée, est donc une Fleur composée, & toute Fleur ou l’on ne voit aucune fleurette de cette espece n’est point une Fleur composée, & ne porte même au singulier qu’improprement le nom de Fleur, puisqu’elle est réellement une agrégation de plusieurs Fleurs.
Ces fleurettes partielles qui ont ainsi leurs anthères réunies, [500] & dont l’assemblage forme une Fleur véritablement composée, sont de deux especes; les unes qui sont régulières & tubulées s’appellent proprement fleurons, les autres qui sont échancrées & ne présentent par le haut qu’une languette plane & souvent dentelée, s’appellent demi-fleurons; & des combinaisons de ces deux especes dans la Fleur totale, résultent trois sortes principales de Fleurs composées, savoir, celles qui ne sont garnies que de fleurons, celles qui ne sont garnies que de demi-fleurons, & celles qui sont mêlées des unes & des autres.
Les Fleurs a fleurons ou Fleurs fleuronnées se divisent encore deux especes, relativement à leur forme extérieure; celles qui présentent une figure arrondie en maniere de tête, & dont le calice approche de la forme hémisphérique, s’appellent Fleurs en tête, Capitati. Tels sont, par exemple, les Chardons, Artichauts, la Chausse-trape.
Celles dont le réceptacle est plus applati, en sorte leurs fleurons forment avec le calice une figure àpeu-près cylindrique, s’appellent Fleurs en disque Discoidei. La Santoline, par-exemple, & l’Eupatoire, offrent des Fleurs en disque ou discoides.
Les Fleurs a demi-fleurons s’appellent demi-fleuronnées & leur figure extérieure ne varie pas allez régulièrement pour offrir une division semblable à la précédente. Le Salsifis, la Scorsonere, le Pissenlit, la Chicorée ont des Fleurs demi-fleuronnées.
A l’égard des Fleurs mixtes, les demi-fleurons ne s’y pas mêlent pas parmi les fleurons en confusion, sans ordre mais les [501] fleurons occupent le centre, du disque, les demi-fleurons en garnissent la circonférence, & forment une couronne à la Fleur, & ces Fleurs ainsi couronnées portent le nom de Fleurs radiées. Les Reines-Marguerites & tous les Asters, le Souci, les Soleils, la Poire-de-terre portent tous des Fleurs radiées..
Toutes ces sections forment encore dans les Fleurs composées, & relativement au sexe des fleurons, d’autres divisions dont il sera parle dans l’article Fleuron.
Les Fleurs simples ont une autre forte d’opposition dans celles qu’on appelle Fleurs doubles ou pleines.
La Fleur double est celle dont quelqu’une des parties est multipliée au-delà de son nombre naturel, mais sans que cette multiplication nuise à la fécondation du germe.
Les Fleurs se doublent rarement par le calice, presque jamais par les étamines. Leur multiplication la plus commune se fait par la corolle. Les exemples les plus frequens en sont dans les Fleurs polypétales, comme Oeillets, Anémones, Renoncules; les Fleurs monopétales doublent moins communément. Cependant on voit assez souvent des Campanules, des Primeveres, des Auricules, & sur-tout des Jacinthes à Fleur double.
Ce mot de Fleur double ne marque pas dans le nombre des pétales une simple duplication, mais une multiplication quelconque. Soit que le nombre des pétales devienne double, triple, quadruple, &c. tant qu’ils ne multiplient pas au point d’étouffer la fructification, la Fleur garde toujours le nom de Fleur double; mais lorsque les pétales trop multiplies font [502] disparoître les étamines & avorter le germe, alors la Fleur perd 1e nom de Fleur double & prend celui de Fleur pleine.
On voit par-la que la Fleur double est encore dans l’ordre de la nature, mais que la Fleur pleine n’y est plus véritable monstre.
Quoique la plus commune plénitude des Fleurs se fasse par les pétales, il y en a néanmoins qui se remplissent par le calice, & nous en avons un exemple bien remarquable dans l’Immortelle appellée Xéranthème. Cette Fleur qui paroit radiée & qui réellement est discoïde, porte ainsi que la Carline un calice imbrique, dont le rang intérieur à ses folioles longues & colorées, & cette Fleur, quoique composée, double & multiplie tellement par ses brillantes folioles qu’on les prendroit, garnissant la plus grande partie du disque, pour autant de demi-fleurons.
Ces fausses apparences abusent souvent les yeux de ceux qui ne sont pas Botanistes: mais quiconque est initie dans l’intime structure des Fleurs, ne peut s’y tromper un moment. Une Fleur demi-fleuronnée ressemble extérieurement à une Fleur polypétale pleine, mais il y a toujours cette différence essentielle, que dans la premiere chaque demi-fleuron est une Fleur parfaite qui a son embrion, son pistil & ses étamines; au lieu que dans la Fleur pleine chaque pétale multiplie n’est toujours qu’un pétale qui ne porte aucune des parties essentielles à la fructification. Prenez l’un après l’autre les pétales d’une Renoncule simple, ou double, ou pleine, vous ne trouverez dans aucun nulle autre chose que le pétale même; mais dans le Pissenlit chaque demi-fleuron garni’d’un style entoure [503] d’étamines, n’est pas un simple pétale, mais une véritable Fleur.
On me présente une Fleur de Nymphéa jaune, & l’on me demande si c’est une, composée ou une Fleur double? Je réponds que ce n’est ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas une composée, puisque les folioles qui l’entourent ne sont pas des demi-fleurons; & ce n’est pas une Fleur double, parce que la duplication n’est l’etat naturel d’aucune Fleur, & que l’etat naturel de la Fleur de Nymphéa jaune est d’avoir plusieurs enceintes de pétales autour de son embrion. Ainsi cette multiplicité n’empêche pas le Nymphéa jaune d’être une Fleur simple.
La constitution commune au plus grand nombre des Fleurs, est d’être hermaphrodites; & cette constitution paroit en effet la plus convenable au rogne végétal, ou les individus dépourvus de tout mouvement progressif & spontané ne peuvent s’aller chercher l’un l’autre quand les sexes sont sépares. Dans les arbres & les plantes ou ils le sont, la nature, qui fait varier ses moyens, à pourvu à cet obstacle: mais il n’en est pas moins vrai généralement que des êtres immobiles doivent, pour perpétuer leur espece, avoir en eux-mêmes tous les instrumens propres à cette fin.
FLEUR MUTILEE. Est celle qui, pour l’ordinaire par défaut de chaleur, perd ou ne produit point la corolle qu’elle devroit naturellement avoir. Quoique cette mutilation ne doive point faire espece, les plantes ou elle a lieu se distinguent néanmoins dans la nomenclature de celles de même espece qui sont complétés, comme on peut le voir dans plusieurs especes de Quamoclit, de Cucuballes, de Tussilages, de Campanules.
[504] FLEURETTE. Petite complete qui entre dans la structure d’une Fleur agrégé.
FLEURON. Petite Fleur incomplète qui entre dans la structure d’une Fleur composée. Voyez Fleur.
Voici quelle est la structure naturelle des fleurons composans.
1. Corolle monopétale tubulée à cinq dents, supere.
2. Pistil alongé, termine par deux stigmates réfléchis.
3. Cinq étamines dont des filets sont sépares par le bas, mais formant par l’adhérence de leurs anthères un tube autour du pistil.
4. Semence nue alongée ayant pour base le réceptacle commun, & servant elle-même par son formant de réceptacle à la corolle.
5. Aigrette de poils ou d’écailles couronnant la semence, & figurant un calice à la base de la corolle. Cette aigrette pousse de bas en haut la corolle, la détache & la fait tomber lorsqu’elle est flétrie, & que la semence accrue approche de sa maturité.
Cette structure commune & générale des fleurons souffre des exceptions dans plusieurs genres de composées, & ces différences constituent même des sections qui forment autant de branches dans cette nombreuse famille.
Celles de ces différences qui tiennent à la structure même des fleurons, ont été ci-devant expliquées au mot Fleur. J’ai maintenant à parler de celles qui ont rapport à la fécondation.
L’ordre commun des fleurons dont je viens de parler est d’être hermaphrodites, & ils se fécondent par eux-mêmes. Mais il y en a d’autres qui ayant des étamines & n’ayant point de germe, portent le nom de mâles; d’autres qui ont un germe [505] & n’ont point d’étamines, s’appellent fleurons femelles; d’autres qui n’ont ni germe ni étamines, ou dont le germe imparfait avorte toujours, portent le nom de neutres.
Ces diverses especes de fleurons ne sont pas indifféremment entremêles dans les Fleurs composées; mais leurs combinaisons méthodiques & régulières sont toujours relatives ou à la plus fécondation, ou a la plus abondante fructification, ou à la plus pleine maturification des graines.
FRUCTIFICATION. Ce mot se prend toujours dans un sens collectif, & comprend non-seulement l’oeuvre de la fécondation du germe & de la maturification du fruit, mais l’assemblage de tous les instrumens naturels destines à cette opération.
FRUIT. Dernier produit de la végétation dans l’individu, contenant les semences qui doivent la renouveller par d’autres individus. La semence n’est ce dernier produit que quand elle est seule & nue. Quand elle ne l’est pas, elle n’est que partie du fruit.
Fruit.Ce mot a dans la Botanique un sens beaucoup plus étendu que dans l’usage ordinaire. Dans les arbres & même dans d’autres plantes, toutes les semences ou leurs enveloppes bonnes à manger, portent en général le nom de fruit. Mais en Botanique ce même nom s’applique plus généralement encore à tout ce qui résulte, après la fleur, de la fécondation du germe. Ainsi le fruit n’est proprement autre chose que l’ovaire féconde, & cela, soit qu’il se mange ou ne se mange pas, que la semence soit déjà mure ou qu’elle ne le soit pas encore.
GENRE. Réunion de plusieurs especes sous un caractere commun qui les distingue de toutes les autres plantes.
[506] GERME, embrion, ovaire, fruit. C’est termes sont si près d’être synonymes, qu’avant d’en parler séparément dans leurs articles, je crois devoir les unir ici.
Le germe est le premier rudiment de la plante, il devient embrion ou ovaire au moment de la fécondation, & ce même embrion devient fruit en mûrissant; voilà les différences exactes. Mais on n’y fait-pas toujours attention dans l’usage & l’on prend souvent ces mots l’un pour l’autre indifféremment.
Il y a deux sortes de germes bien distincts, l’un contenu dans la semence, lequel en se développant devient plante, & l’autre contenu dans la fleur, lequel par la fécondation devient fruit. On voit par quelle alternative perpétuelle chacun de ces deux germes se produit, & en est produit.
On peut encore donner le nom de germe aux rudimens des feuilles enfermées dans les bourgeons, & à ceux des fleurs enfermes dans les boutons.
GERMINATION. Premier développement ces parties de la plante, contenue en petit dans le germe.
GLANDES. Organes qui servent à la sécrétion des sucs de la plante.
GOUSSE. Fruit d’une plante légumineuse. La gousse qui s’appelle aussi légume, est ordinairement composée de deux panneaux nommes cosses, applatis ou convexes, colles l’un sur l’autre par deux futures longitudinales, & qui renferment des semences attachées alternativement par la future aux deux cosses, lesquelles se séparent par la maturité.
GRAPPE, racemus. Sorte d’épi dans lequel les Fleurs ne [507] sont ni sessiles ni toutes attachées à la rape; mais à des pédicules partiels dans lesquels les pédicules principaux se divisent. La grappe n’est autre chose qu’une panicule dont les rameaux sont plus ferres, plus courts,& souvent plus gros que dans la panicule proprement dite.
Lorsque l’axe d’une panicule ou d’un épi pend en bas au lieu & s’élever vers le Ciel, on lui donne alors le nom de grappe; tel est l’épi du groseiller, telle est la grappe de la vigne.
GREFFE. Opération par laquelle on force les sucs d’un arbre à passer par les couloirs d’un autre arbre; d’ou il résulte que les couloirs de ces deux plantes n’étant pas de même figure & dimensions, ni places exactement les uns vis-à-vis des autres, les sucs forces de se subtiliser en se divisant, donnent ensuite des fruits meilleurs & plus savoureux.
GREFFER. Est engager l’œil ou le bourgeon d’une saine branche d’arbre dans l’écorce d’un autre arbre, avec les précautions nécessaires & dans la saison favorable, en forte que ce bourgeon reçoive le suc du second arbre & s’en nourrisse comme il auroit fait de celui dont il a été détache. On donne le nom de Greffe à la portion qui s’unir, & de Sujet à l’arbre auquel il s’unit.
Il y a diverses manieres de greffer. La greffe par approche, en sente, en couronne., en flûte, en écusson.
GYMNOSPERME à semences nues.
HAMPE. Tige sans feuilles destinée uniquement à tenir la fructification élevée au-dessus de la racine.
INFERE, SUPERE. Quoique ces mots soient purement latins, on est-obligé de les employer en françois dans le langage de la Botanique, sous peine d’être diffus, lâche & louche, [508] pour vouloir parler purement. La même nécessité doit être supposée, & la même excuse répétée dans tous les mots latins que je serai force de franciser. Car c’est ce que je ne ferai jamais que pour dire ce que je ne pourrois aussi-bien faire entendre dans un françois plus correct
II y a dans les fleurs deux dispositions différentes du calice & de la corolle, par rapport au germe dont l’expression revient si souvent, qu’il faut absolument créer un mot pour elle. Quand la calice & la corolle portent sur le germe, la fleur est dite supere. Quand le germe porte sur le calice & la corolle, la fleur est dite infere. Quand de la corolle on transporte le mot au germe, il faut prendre toujours l’oppose. Si la corolle est infère, le germe est supere; si la corolle est supere, le germe est infère; ainsi l’on a le choix de ces deux manieres d’exprimer la même chose.
Comme il y a beaucoup plus de plantes ou la fleur est infère, que de celles ou elle est supere, quand cette disposition n’est point exprimée, on doit toujours sous-entendre le premier cas, parce qu’il est le plus ordinaire; & si la description ne parle point de la disposition relative de la corolle & du germe, il faut supposer la corolle infere: car si elle etoit supere, l’auteur de la description l’auroit expressément dit.
LéGUME. Sorte de péricarpe compose de deux panneaux dont les bords sont réunis par deux sutures longitudinales. Les semences sont attachées attachées alternativement à ces deux valves par la future supérieure, l’inférieure est nue. L’on appelle de ce nom en général le fruit des plantes légumineuses.
LéGUMINEUSES Voyez Fleurs, Plantes.
[509] LIBER (le). Est compose de pellicules qui représentent les feuillets d’un livre; elles touchent immédiatement au bois. Le Liber se détache tous les ans des deux autres parties de l’écorce, & s’unissant avec l’aubier, il produit sur la circonférence de l’arbre une nouvelle couche qui en augmente le diamètre.
LIGNEUX. Qui a la consistance de bois.
LILIACéES. Fleurs qui portent le caractere du Lis.
LIMBE. Quand une corolle monopétale régulière s’évase & s’élargit par le haut, la partie qui forme cet évasement s’appelle le Limbe, & se découpe ordinairement en quatre, cinq ou plusieurs segmens. Diverses Campanules, Primeveres, Liserons & autres fleurs monopétales offrent des exemples de ce Limbe, qui est à l’égard de la corolle àpeu-près ce qu’est à l’égard d’une cloche la partie qu’on nomme le pavillon. Le différent degré de l’angle que forme le Limbe avec le tube est ce qui fait donner à la corolle le nom d’infundibuliforme, de campaniforme, ou hypocrateniforme.
LOBES des semences sont deux corps réunis, applatis d’un cote, convexes de l’autre. Ils sont distincts dans les semences légumineuses.
LOBES des feuilles.
LOGE. Cavité intérieure du fruit; il est à plusieurs loges, quand il est partage par des cloisons.
MAILLET. Branche de l’année à laquelle on laisse pour la replanter deux chicots du vieux bois saillans des deux cotes. Cette forte de bouture se pratique seulement sur la vigne & même assez rarement.
MASQUE. Fleur en marque est une Fleur monopétale irrégulière.
[510] MONECIE ou MONOECIE. Habitation commune aux deux sexes. On donne le nom de Monoecie à une classe de plantes composée de toutes celles qui portent des Fleurs mâles & des Fleurs femelles sur le même pied.
MONOÏQUE. Toutes les plantes de la Monoecie sont monoiques. On appelle Plantes monoïques celles dont les Fleurs ne sont pis hermaphrodites, mais séparément mâles & femelles sur le individu. Ce mot, forme de celui de monoecie, vient du grec & signifie ici que les deux sexes occupent bien le même logis, mais sans habiter la même chambre. Le Concombre, le Melon & toutes les cucurbitacées sont des plantes monoiques.
MUFLE (Fleur en) Voyez Masque.
NŒUDS. Sont les articulations des tiges & des racines.
NOMENCLATURE. Art de joindre aux noms qu’on impose aux plantes l’idée de leur classification.
NOYAU. Semence osseuse qui renferme une amande.
NUD. Dépourvu des vêtemens ordinaires à ses semblables.
On appelle graines nues celles qui n’ont point de péricarpe, ombelles nues celles qui n’ont point d’involucre, tiges nues celles qui ne sont point garnies de feuilles, &c.
NUITS-DE-FER. Noctes ferreae. Ce sont, en Suede, celles dont la froide température arrêtant la végétation de plusieurs plantes, produit leur dépérissement insensible, leur pourriture & enfin leur mort. Leurs premieres atteintes avertissent de rentrer dans les serres les plantes étrangères, qui periroient par ces sortes de froids.
(C’est aux premiers gels assez communs au mois d’Août dans [511] les pays froids qu’on donne ce nom, qui, dans des climats temperas, ne peut pas être employé pour les mêmes jours. H.)
ŒIL. Voyez Ombilic. Petite cavité qui se trouve en certains fruits à l’extrémité opposée au pédicule; dans les fruits infères ce sont les divisions du calice qui forment l’ombilic, comme le Coin, la Poire, la Pomme, &c. dans ceux qui sont supères, l’ombilic est la cicatrice laisse par l’insertion du pistil.
ŒILLETONS. Bourgeons qui sont à cote des racines des Artichauts & d’autres plantes, & qu’on détache afin de multiplier ces plantes.
OMBELLE. Assemblage de rayons qui partant d’un même centre, divergent comme ceux d’un parasol. L’ombelle universelle porte sur la tige ou sur une branche, l’ombelle partielle sort d’un rayon de l’ombelle universelle.
OMBILIC. C’est, dans les bayes & autres fruits mous infères, le réceptacle de la Fleur dont, après qu’elle est tombée, la cicatrice reste sur le fruit, comme on peut le voir dans les Airelles. Souvent le calice reste & couronne l’ombilic qui s’appelle alors vulgairement œil. Ainsi l’œil des Poires & des Pommes n’est autre chose que l’ombilic autour duquel le calice persistant s’est desséché.
ONGLE. Sorte de tache sur les pétales ou sur les feuilles, qui à souvent la figure d’un ongle & d’autres figures différentes, comme on peut le voir aux feuilles des Renoncules, des Persicaires, &c.
ONGLET. Espece de pointe crochue par laquelle le pétale de quelques corolles est fixe sur le calice ou sur le réceptacle: [512] l’onglet des Oeillets est plus long que celui
OPPOSéES. Les feuilles opposées sont jusqu’au nombre de deux, placées l’une vis-à-vis de l’autre, des deux cotes de la tige ou des branches. Les feuilles opposées peuvent être pédiculées ou sessiles; s’il y avoit plus de deux feuilles attachées à la même hauteur autour de la tige, alors cette pluralité denatureroit l’opposition & cette disposition des feuilles prendroit un nom différent Voyez Verticillées.
OVAIRE. C’est le nom qu’on donne à l’embrion du fruit, ou c’est le fruit même avant la fécondation. Après la fécondation l’ovaire perd ce nom & s’appelle simplement fruit ou en particulier péricarpe, si la plante est angiosperme; semence ou graine, si la plante est gymnosperme.
PALMÉE. Une feuille est palmée lorsqu’au lieu d’être composée de plusieurs folioles comme la feuille digitée, elle est seulement découpée en plusieurs lobes diriges en rayons vers le sommet du pétiole, mais se réunissant avant que d’y arriver.
PANICULE. épi rameux & pyramidal. Cette figure lui vient de ce que les rameaux du bas étant les plus larges, forment entre eux un plus large espace, qui se rétrécit en montant, à mesure que ces rameaux deviennent plus courts, moins nombreux; en forte qu’une panicule parfaitement régulière se termineroit enfin par une fleur sessile.
PARASITES. Plantes qui naissent ou croissent sur d’autres plantes & se nourrissent de leur substance. La Cuscute, le Gui, plusieurs Mousses & Lichens, sont des plantes parasites.
PARENCHIME. Substance pulpeuse ou tissu cellulaire qui forme corps de la feuille ou du pétal: il est couvert dans l’une & dans l’autre d’un épiderme.
[513] PARTIELLE. Voyez Ombelle.
PARTIES DE LA FRUCTIFICATION. Voyez Etamines,Pistil.
PAVILLON, synonyme d’étendard.
PÉDICULE. Base alongée qui porte le fruit. On dit pedunculus en latin, mais je crois qu’il faut dire pédicule en françois. C’est l’ancien usage, & il n’y a aucune bonne raison pour le changer. Pedunculus sonne mieux en latin & il évite l’équivoque de nom pediculus. Mais le mot pédicule est net & plus doux en françois, & dans le choix des mots, il convient de consulter l’oreille & d’avoir égard à l’accent de la langue.
L’adjectif pédicule me paroit nécessaire par opposition à l’autre adjectif sessile. La Botanique est si embarrassée de termes, qu’on ne sauroit trop s’attacher à rendre clairs & courts ceux qui lui sont spécialement consacres.
Le pédicule est le lien qui attache la fleur ou le fruit à la branche ou à la tige. Sa substance est d’ordinaire plus solide que celle du fruit qu’il porte par un de ses bouts, & moins que celle du bois auquel il est attache par l’autre. Pour l’ordinaire quand le fruit et mur, il se détache & tombe avec son pédicule. Mais quelquefois, & sur-tout dans les plantes herbacées, le fruit tombe & le pédicule reste, comme on peut le voir dans le genre des Rumex. On y peut remarquer encore une autre particularité. C’est que les pédicules qui tout sont verticillés autour de la tige, sont aussi tous articules vers leur milieu. Il semble qu’en ce cas le fruit devroit le détacher à l’articulation, tomber avec une moitié du pédicule & laisser l’autre moitié seulement attachée à la plante. Voilà néanmoins [514] ce qui n’arrive pas. Le fruit se détache & tombe seul. Le pédicule tout entier reste, & il faut une anion expresse pour le diviser en deux au point de l’articulation.
PERFOLIÉES. La feuille perfoliée est celle que la branche enfile & qui entoure celle-ci de tous cotes.
PERIANTHE. Sorte de calice qui touche immédiatement la fleur ou le fruit.
PERRUQUE. Nom donne par Vaillant aux racines garnies d’un chevelu touffu de fibrilles entrelacées comme des cheveux emmêles.
PÉTALE. On donne le nom de pétale à chaque piece entiere de la corolle. Quand la corolle n’est que d’une seule piece, il n’y a aussi qu’un pétale; le pétale & la corolle ne sont alors qu’une seule & même chose, & cette sorte de corolle se désigne par l’épithète de monopétale. Quand la corolle est de plusieurs pieces, ces pieces sont autant de pétales, & la corolle qu’elles composent se désigne par leur nombre tire du grec, parce que le mot de pétale en vient aussi, qu’il convient, quand on veut composer un mot, de tirer les deux racines de la même langue. Ainsi les mots de monopétale, de dipétale, de tripétale, de tetrapetale, de pentaperale, & enfin polypétale, indiquent une corolle d’une seule piece, ou de deux, de trois, de quatre, de cinq, &c. enfin d’une multitude indéterminée de pieces.
PETATOIDE: Qui à des pétales. Ainsi la Fleur petatoide est l’oppose de la Fleur apétale.
Quelquefois ce mot entre comme seconde racine dans la composition d’un autre mot dont la premiere racine est un [515] nom de nombre. Alors il signifie une corolle monopétale profondément divisée en autant de sections qu’en indique la premiere racine. Ainsi la corolle tripétatoide est divisée en trois segmens ou demi-pétales, la pentapétatoide en cinq, &c.
PÉTIOLE. Base alongée qui porte la feuille. Le mot pétiole est oppose à sessile à l’égard des feuilles, comme le mot pédicule l’est à l’égard; des fleurs & des fruit. Voyez Pédicule, Sessile.
PINNEE. Une feuille AILéE à plusieurs rangs s’appelle feuille
PISTIL. Organe femelle de la fleur qui surmonte le germe, & par lequel celui-ci reçoit l’intromission fécondante de la poussiere des anthères: le pistil se prolonge ordinairement par un ou plusieurs styles, quelquefois aussi il est couronne immédiatement par un ou plusieurs stigmates, sans aucun style intermédiaire. Le stigmate reçoit la poussiere prolifique du sommet des étamines, & la transmet par le pistil dans l’intérieur du germe pour féconder l’ovaire. Suivant le système sexuel, la fécondation des plantes ne peut s’opérer que par le concours des deux sexes, & l’acte de la fructification n’est plus que celui de la génération. Les filets des étamines sont les vaisseaux spermatiques, les anthères sont les testicules, la poussiere qu’elles répandent est la liqueur féminale, le stigmate devient la vulve, le style est la trompe ou le vagin & le germe fait l’office d’uterus ou de matrice.
PLACENTA. Réceptacle des semences. C’est le corps auquel elles sont immédiatement attachées. M. Linnaeus n’admet point ce nom de Placenta & emploie toujours celui de réceptacle. [516] Ces mots rendent pourtant des idées fort différentes. Le réceptacle est la partie par ou le fruit tient à la plante. Le placenta est la partie par ou les semences tiennent au péricarpe. Il est vrai que quand les semences sont nues, il n’y a point d’autre placenta que le réceptacle; mais toutes les fois que le fruit est angiosperme, le réceptacle & le placenta sont différens.
Les cloisons (dissepimenta) de toutes les capsules à plusieurs loges sont de véritables placentas, & dans des capsules uniloges, il ne laisse pas d’y avoir souvent des placentas autres que le péricarpe.
PLANTE. Production végétal composée de deux parties principales, savoir, la racine par laquelle elle est attachée à la terre ou à un autre corps dont elle tire sa nourriture, & l’herbe par laquelle elle inspire & respire l’élément dans lequel elle vit. De tous les végétaux connus, la Truffe est presque le seul qu’on puisse dire n’être pas plante.
PLANTES. Végétaux dissémines sur la surface de la terre pour la vêtir & la parer. Il n’y a point d’aspect aussi triste que celui de la terre nue; il n’y en à point d’aussi riant que celui des montagnes couronnées d’arbres, des rivières bordées de bocages, des plaines tapissées de verdure, & des vallons émailles de Fleurs.
On ne peut disconvenir que les plantes ne soient des corps organises & vivans, qui se nourrissent & croissent par intussusception, & dont chaque partie possède en elle-même une vitalité isolée & indépendante des autres, puisqu’elles ont la faculté de se reproduire.* [*Cet article ne paroît pas achevé non plus que beaucoup d’autres, quoiqu’on ait rassemble, dans les trois paragraphes ci-dessus qui composent celui-ci, trois morceaux de l’Auteur tous sur autant de chiffons.]
[517] POILS ou SOYE. Filets plus ou moins solides & fermes qui naissent sur certaines parties des plantes; ils sont quarrés ou cylindriques; droits ou couches, fourches ou simples, subulés ou en hameçons; & ces diverses figures sont des caracteres assez constans pour pouvoir servir à classer ces plantes. Voyez l’ouvrage de M. Guettard, intitule Observations sur les plantes.
POLYGAMIE, pluralité d’habitation. Une classe de plantes porte le nom de Polygamie, & renferme toutes celles qui ont des Fleurs hermaphrodites sur un pied & des Fleurs d’un seul sexe mâles ou femelles sur un autre pied.
Ce mot de Polygamie s’applique encore à plusieurs ordres de la classe des Fleurs composées, & alors on y attache une idée un peu différente.
Les Fleurs composées peuvent toutes être regardées comme Polygames, puisqu’elles renferment toutes plusieurs fleurons qui fructifient séparément, & qui par conséquent ont chacun sa propre habitation, &, pour ainsi dire, sa propre lignée. Toutes ces habitations séparées se conjoignent de différentes manieres, & par-la forment plusieurs sortes de combinaisons,
Quand tous les fleurons d’une Fleur composée sont hermaphrodites, l’ordre qu’ils forment porte le nom de Polygamie égale.
Quand tous ces fleurons composans ne sont pas hermaphrodites, ils forment entr’eux, pour ainsi dire, une Polygamie bâtarde, & cela de plusieurs façons.
1°. Polygamie superflue, lorsque les fleurons du disque étant [518] tous hermaphrodites fructifient, & que les fleurons du contour étant femelles fructifient aussi.
2°. Polygamie inutile, quand les fleurons du disque étant hermaphrodites fructifient, & que ceux de contour sont neutres & ne fructifient point.
3°. Polygamie nécessaire, quand les fleurons du disque étant mâles & ceux du contour étant femelles, ils ont besoin les uns des autres pour fructifier.
4°. Polygamie séparée, lorsque les fleurons composans sont divises entr’eux, soit un à un, soit plusieurs ensemble, par autant de calices partiels renfermes dans de toute le fleur.
On pourroit imaginer encore de nouvelles combinaisons, en supposant, par exemple, des fleurons mâles au contour, & des fleurons hermaphrodites ou femelles au disque; mais cela n’arrive point.
POUSSIERS PROLIFIQUE. C’est une multitude de petits corps sphériques enfermes dans chaque anthère & qui, lorsque celle-ci s’ouvre & les verse dans le stigmate, s’ouvrent à leur tour, imbibent ce même stigmate d’une humeur qui, pénétrant à travers le pistil, va seconder l’embrion du fruit.
PROVIN. Branche de vigne couchée & coudée en terre. Elle pousse des chevelus par les nœuds qui se trouvent enterres. On coupe ensuite le bois qui tient au cep, & le bout oppose qui sort de terre devient un nouveau cep.
PULPE. Substance molle & charnue de plusieurs fruits & racines.
RACINE.Partie de la plante par laquelle elle tient à la [519] terre ou au corps qui la nourrit. Les plantes ainsi attachées par la racine à leur matrice ne peuvent avoir de mouvement local; le sentiment leur seroit inutile, puisqu’elles ne peuvent chercher ce qui leur convient, ni fuir ce qui leur nuit: or la nature ne fait rien en vain.
RADICALES. Se dit des feuilles qui sont les plus près de la racine: ce mot s’étend aussi aux tiges dans le même sens.
RADICULE. Racine naissante.
RADIÉE. Voyez Fleur.
RÉCEPTACLE. Celle des parties de la fleur & du fruit qui sert de siège à toutes les autres & par ou leur sont transmis de la plante les sucs nutritifs qu’elles en doivent tirer.
Il se divise le plus généralement en réceptacle propre, que ne soutient qu’une seule fleur & un seul fruit; & qui, par conséquent, n’appartient qu’aux plus simples, & en réceptacle commun qui porte & reçoit plusieurs fleurs.
Quand la fleur est infère, c’est le même réceptacle qui porte toute la fructification. Mais quand la fleur est supere, le réceptacle propre est double, & celui qui porte la fleur n’est pas le même que celui qui porte le fruit. Ceci s’entend de la construction la plus commune; mais on peut proposer à ce sujet le problème suivant, dans la solution duquel la nature à mis une de ses plus ingénieuses inventions.
Quand la fleur est sur le fruit, comment se peut-il faire que la fleur & le fruit n’aient cependant qu’un seul & même réceptacle?
Le réceptacle commun n’appartient proprement qu’aux [520] fleurs composées, dont il porte & unit, tous les fleurons en une fleur régulière; en forte que le retranchement de quelques-unes causeroit l’irrégularité de tous; mais outre les Fleurs agrégées dont on peut dire à peu dire àpeu-près la même chose, il y a d’autres sortes de réceptacles communs qui méritent encore le même nom, comme ayant le même usage. Tels sont l’Ombelle, l’épi, la Panicule, le Thyrse, la Cyme, le Spadix, dont on trouvera les articles chacun à sa place.
RÉGULIERES (Fleurs). Elles sont symétriques dans toutes leurs parties, comme les Crucifères, les Liliacées, &c.
RÉNIFORME. De la figure d’un rein.
ROSACEE. Polypétale régulière comme est. la Rose.
ROSETTE. Fleur en rosette est une Fleur monopétal dont le tube est nul ou très-court & le lymbe très-applati.
SEMENCE. Germe ou rudiment simple d’une nouvelle plante uni, à une substance propre à sa conservation avant qu’elle germe, & qui la nourrit durant la premiere germination, jusqu’à ce qu’elle puisse tirer son aliment immédiatement de la terre.
SESSILE. Cet adjectif marque privation de réceptacle. II indique que la feuille, la fleur ou le fruit auxquels on l’applique tiennent immédiatement à la plante sans l’entremise d’aucun pétiole ou pédicule.
SEXE. Ce mot a été étendu au regne végétal & y est devenu familier depuis l’établissement du système sexuel.
SILIQUE. Fruit compose de deux panneaux retenus par deux futures longitudinales auxquelles les graines sont attachées des deux cotes.
[521] La Silique est ordinairement biloculaire & partagée par une cloison à laquelle est attachée une partie des graines. Cependant cette cloison ne lui étant pas essentielle ne doit pas entrer dans sa définition, comme on peut le voir dans le Cléome, dans la Chélidoine, &c.
SOLITAIRE. Une fleur solitaire est seule sur son pédicule.
SOUS-ARBRISSEAU. Plante ligneuse ou petit buisson moindre que l’arbrisseau, mais qui ne pousse point en automne de boutons à fleurs ou à fruits. Tels sont le Thym, le Romarin, le Groseiller, les Bruyeres, &c.
SOYES. Voyez Poils.
SPADIX, ou RÉGIME. C’est le rameau floral dans la famille des Palmiers; il est le vrai réceptacle de la fructification, entoure d’un spathe qui lui sert de voile.
SPATHE. Sorte de calice membraneux qui sert d’enveloppe aux fleurs avant leur épanouissement, & se déchire pour leur ouvrir le passage aux approches de la fécondation.
Le Spathe est caractéristique dans 1a. famille des Palmiers & dans celle des liliacées.
SPIRALE. Ligne qui fait plusieurs tours en s’écartant du centre ou en s’en approchant.
STIGMATE. Sommet du pistil qui s’humecte au moment de la fécondation, poux que la poussier prolifique s’y attache.
STIPULE. Sorte de foliole ou d’écailles qui naît à la base du pétiole, du pédicule, ou de la branche. Les Stipules sont ordinairement extérieures à la partie qu’elles accompagnent, & leur servent en quelque maniere de console: mais quelquefois [522] aussi elles naissent a. cote, vis-à-vis, ou au-dedans même de l’angle d’insertion.
M. Adanson dit qu’il n’y a de vraies stipules que sont attachées aux tiges, comme dans les Airelles, les Apocins, les Jujubiers, les Tithymales, les Châtaigniers, les Tilleuls, les Mauves, les Câpriers: elles tiennent lieu de feuilles dans les plantes qui ne les ont pas verticillées. Dans;es plantes légumineuses la situation des stipules varie. Les Rosiers n’en ont pas de vraies, mais seulement un prolongement ou appendice de feuille ou une extension du pétiole. Il y a aussi des stipules membraneuses comme dans l’Espargoute.
STYLE. Partie du pistil qui tient le stigmate eleve au-dessus du germe.
SUC NOURRICIER. Partie de la sève qui est propre à nourrir la plante.
SUPERE. Voyez Infere.
SUPPORTS. Fulera. Dix especes, savoir, la stipule, la bractée, la vrille, l’épine, l’aiguillon, le pédicule, le pétiole, la hampe, la glande & l’écaille.
SURGEON, Surculus. Nom donne aux jeunes branches de l’Oeillet, &c. auxquelles on fait prendre racine en les buttant en terre lorsqu’elles tiennent encore à la tige: cette opération est une espece de Marcotte.
SYNONYMIE. Concordance de divers noms donne par différens auteurs aux mêmes plantes. La Synonymie n’est point une étude oiseuse & inutile.
TALON. Oreillette qui se trouve à la base des feuilles d’Orangers. C’est aussi l’endroit ou tient l’oeilleton qu’on [523] détache d’un pied d’Artichaut, & cet endroit à un peu de racine.
TERMINAL. Fleur Terminale est celle qui vient au sommet de la tige, ou d’une branche.
TERNEE. Une feuille tournée est composée de trois folioles attachées au même pétiole.
TÊTE. Fleur en Tête ou Capitée est une Fleur agrégé ou composée, dont les fleurons sont disposes sphériquement ou àpeu-près.
THIRSE. épi rameux & cylindrique; ce terme n’est pas extrêmement usité, parce que les exemples n’en sont pas frequens.
TIGE. Tronc de la plante d’ou sortent toutes ses autres parties qui sont hors de terre: elle a du rapport avec la cote, en ce que celle-ci est quelquefois unique & se ramifie comme elle, par exemple dans la Fougere: elle s’en distingue aussi en ce qu’uniforme dans son contour, elle n’a ni face, ni dos, ni cote détermines, au lieu que tout cela se trouve dans la cote.
Plusieurs plantes n’ont point de tige, d’autres n’ont qu’une tige nue & sans feuilles qui pour cela change de nom. V. Hampe.
La tige se ramifie en branches des différentes manieres.
TOQUE. Figure de bonnet cylindrique avec une marge relevée en maniere de chapeau. Le fruit du Paliurus à la forme d’une Toque.
TRACER. Courir horisontalement entre deux terres; comme fait le chiendent. Ainsi le mot Tracer ne convient qu’aux racines. Quand on dit donc que le Fraisier trace, on dit mal, il rampe, & c’est autre chose.,
TRACHÉES DES PLANTES. Sont, selon Malpighi, certains vaisseaux formes par les contours spiraux d’une lame [524] mince, plate & assez large, qui, se roulant & contournant ainsi en tire-bourre, forme un tuyau étranglé & comme divise en sa longueur en plusieurs cellules, &c.
TRAINASSE ou TRAINÉE. Longs filets qui dans certaines plantes rampent sur la terre, & qui d’espace en espace ont des articulations par lesquelles elles jettent en terre des radicales qui produisent de nouvelles plantes.
TUNIQUES. Ce sont les peaux ou enveloppe concentriques des Oignons.
VÉGÉTAL. Corps organise doue de vie & prive de sentiment.
On ne me passera pas cette définition, je le fais. On veut que les minéraux vivent, que les végétaux sentent, & que la matiere même informe soit douée de sentiment. Quoi qu’il en soit de cette nouvelle physique, jamais je n’ai pu, je ne pourrai jamais parler d’après les idées d’autrui, quand ces idées ne sont pas les miennes. J’ai souvent vu mort un arbre que je voyois auparavant plein de vie, mais la mort d’une pierre est une idée qui ne sauroit m’entrer dans l’esprit. Je vois un sentiment exquis dans mon chien, mais je n’en apperçois aucun dans un Chou. Les paradoxes de Jean-Jacques sont fort célebres. J’ose demander s’il en avança jamais d’aussi fou que celui que j’aurois à combattre si l’entrois ici dans cette discussion, & qui pourtant ne choque personne. Mais je m’arrête & rentre dans mon sujet.
Puisque les végétaux naissent & vivent, ils se détruisent & meurent, c’est l’irrévocable loi à laquelle tout corps est soumis; par conséquent ils se reproduisent: mais comment se fait cette reproduction? En tout ce qui est soumis à nos sens dans le [525] regne végétal, nous la voyons se faire par la voie de la fructification, & l’on peut présumer que cette loi de la nature est l’également suivie dans les parties du même regne, dont l’organisation échappe à nos yeux. Je ne vois ni fleurs ni fruits dans les Byssus, dans les Conserva, dans les Truffes; mais je vois ces végétaux se perpétuer, & l’analogie sur laquelle je me fonde pour leur attribuer les mêmes moyens qu’aux autres de tendre à la même fin; cette analogie, dis-je, me paroit si sure, que je ne puis lui refuser mon assentiment.
Il est vrai que la plupart des plantes ont d’autres manieres de se reproduire, comme par caieux, par boutures, par drageons enracines. Mais ces moyens sont bien plutôt des supplemens que des principes d’institution; ils ne sont point communs à toutes, il n’y a que la fructification qui le soit & qui ne souffrant aucune exception dans celle qui nous sont bien connues, n’en laisse point supposer dans les autres substances végétales qui le sont moins.
VELU. Surface tapissée de poils.
VERTICILLÉ. Attache circulaire sur le même plan & en nombre de plus de deux autour d’un axe commun.
VIVACE. Qui vit plusieurs années; les arbres, les arbrisseaux, les sous-arbrisseaux sont tous vivaces. Plusieurs herbes même le sont, mais seulement par leurs racines. Ainsi le Chevre-feuille & le Houblon, tous deux vivaces, le sont différemment. Le premier conserve pendant l’hiver ses tiges, en sorte qu’elles bourgeonnent & fleurissent le printems suivant mais le Houblon perd les siennes à la fin de chaque automne & recommence toujours chaque année à en pousser de ton pied de nouvelles.
[526] Les plantes transportées hors de leur climat sont sujettes à varier sur cet article. Plusieurs plantes vivaces dans les pays chauds deviennent parmi nous annuelles, & ce n’est pas la seule altération qu’elles subissent dans nos jardins.
De sorte que la Botanique exotique étudiée en Europe, donne souvent de bien fausses observations.
VRILLES, ou mains. Espece de filets qui terminent les branches dans certaines plantes, & leur fournissent les moyens de s’attacher à d’autres corps. Les Vrilles sont simples ou rameuses; elles prennent, étant libres, toutes fortes de directions, & lorsqu’elles s’accrochent à un corps etranger, elles l’embrassent en spirale.
VULGAIRE. On désigne ordinairement ainsi l’ainsi l’espece principale de chaque genre la plus anciennement connue dont il a tire son nom, & qu’on regardoit d’abord comme une espece unique.
URNE. Boëte au capsule remplie de poussiere que portent la plupart des mousses en fleur. La construction la plus commune de ces Urnes est d’être élevées au-dessus de la plante par un pédicule plus ou moins long, de porter à leur sommet une espece de espece de coeffe ou de capuchon pointu qui les couvre, adhérent d’abord à l’Urne, mais qui s’en détache ensuite & tombe lorsqu’elle est prête à s’ouvrir; de s’ouvrir ensuite aux tiers de leur hauteur, comme une boëte à savonnette, par un couvercle qui s’en détache & tombe à son tour après la chute de la coeffe; d’être doublement ciliée autour de sa jointure, afin que l’humidité ne puisse pénétrer dans l’intérieur de l’Urne tant qu’elle est ouverte; enfin de pencher & se courber en en-bas aux [527] approches de la maturité pour verser à terre la poussiere qu’elle contient.
L’opinion générale des Botanistes sur cet article, est que cette Urne avec son pédicule est une étamine dont le pédicule est le filet, dont l’Urne est l’anthère, & dont la poudre qu’elle contient est qu’elle verse est la poussiere fécondante qui va fertiliser la fleur femelle; en conséquence de ce système on donne communément le nom d’anthère à la capsule dont nous parlons. Cependant comme la fructification des mousses n’est pas jusqu’ici parfaitement connue, & qu’il n’est pas d’une certitude invincible que l’anthère dont nous parlons soit véritablement une anthère, je crois qu’en attendant une plus grande évidence, sans se presser d’adopter un nom si décisif que de plus grandes lumieres pourroient forcer ensuite d’abandonner, il vaut mieux conserver celui d’Urne donne par Vaillant, & qui, quelque système qu’on adopte, peut subsister sans inconvénient.
UTRICULES. Sortes de petites outres percées par les deux bouts, & communiquant successivement de l’une à l’autre par leurs ouvertures comme les aludels d’un alambic. Ces vaisseaux sont ordinairement pleins de sève. Ils occupent les espaces ou mailles ouvertes qui se trouvent entre les fibres longitudinales & le bois.
FIN.